La France veut ficeler le paquet pesticides
En matière de réduction des risques liés aux pesticides, « plus la réponse sera européenne, plus elle sera efficace », a affirmé Michel Barnier, hier, en introduction d’un séminaire agriculture durable et pesticides organisé par la présidence française de l’UE, à Paris. Deux textes sur le sujet sont actuellement en phase d’examen final au niveau européen, et le ministre s’est fixé comme priorité de les faire adopter d’ici fin décembre. « Ce paquet doit nous permettre à la fois d’harmoniser les conditions de délivrance des autorisations de mise sur le marché des pesticides et aussi d’améliorer les conditions d’utilisation de ces mêmes pesticides », a-t-il rappelé.
Les substances toxiques exclues
La Commission a proposé dès 2006 au Conseil et au Parlement un règlement sur la mise sur le marché des produits phytosanitaire (visant à remplacer la directive 91/414) et un projet de directive cadre sur l’utilisation des pesticides. Après avoir procédé à une révision des substances mises sur le marché (sur les 983 au départ, 233 ont été autorisées, 34 sont encore en examen, et 82 nouvelles molécules sont entrées sur le marché) Bruxelles souhaite renforcer les critères d’autorisation.
Le Conseil européen est arrivé en première lecture à une position commune « visant à ne plus approuver les substances les plus toxiques, notamment celles qui sont cancérigènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction ou encore celles qui sont à l’origine de perturbations du système endocrinien » s’est hier félicité Michel Barnier. Mais le Parlement européen souhaite encore durcir ces critères qu’il souhaite voir porter au nombre de 14. « Nous sommes contre, ça ne nous semble pas proportionné », a commenté Paola Testori-Coggi, directrice adjoint de la direction générale de la santé des consommateurs. Bruxelles défend aussi face au Parlement la mesure inscrite dans le projet de texte autorisant pour 5 ans une substance parmi les « plus toxiques » en cas de danger important menaçant une récolte.
Deux conceptions opposent aussi le Parlement européen et le Conseil sur les objectifs chiffrés du projet de directive cadre sur l’utilisation des pesticides. « Le Conseil veut réduire les risques liés aux pesticides en général, et le Parlement veut se concentrer sur la réduction des volumes », a ainsi résumé Michel Barnier. La première conception est défendue dans le plan français Ecophyto 2018, salué par Paola Testori-Coggi.