Exportation
La France a une carte à jouer aux Philippines
Les entreprises agroalimentaires françaises exportent vers les Philippines majoritairement de la viande et des produits laitiers. Selon Business France, la charcuterie y bénéficie entre autres d’un potentiel de développement important.
En attendant la concrétisation de l’accord de libre-échange entre les Philippines et l’Union européenne, en discussion depuis décembre 2015, la France a exporté vers l’archipel, et son marché de 100 millions d’habitants, 99 millions d’euros de denrées alimentaires en 2017, soit 1 % du total des importations philippines (9,2 milliards d’euros). « Le marché philippin se porte bien. Le pays est classé premier de la zone Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) en matière de croissance économique, avec +6,8 % en 2016 », affirme Anne Bernard, chargée d’études internationales à Business France.
L’an dernier, les Philippines ont majoritairement importé des céréales (1,3 milliard d’euros), des préparations alimentaires (1,18 milliard d’euros), mais aussi de l’alimentation animale (1,03 milliard d’euros), ainsi que des huiles (925 millions d’euros). Les États-Unis et la Chine constituent les premiers fournisseurs de l’archipel, avec respectivement 2 milliards et 820 millions d’euros de produits exportés. Deux tiers des exportations françaises vers les Philippines concernent la viande et les produits laitiers (la France est le 6e fournisseur du pays, pour un montant de 25 millions d’euros sur un total de 790 millions importés en produits laitiers). Les Philippines ont augmenté leurs importations de viande (700 000 tonnes en 2017), dont 300 000 tonnes de viande de porc, la filière locale étant peu développée comparée à la forte demande de la population. La France est le 5e fournisseur des Philippines pour la viande de porc, avec une part de 9 %, loin derrière l’Allemagne, en tête avec ses 25 % d’approvisionnement en viande de porc.
Le pays a un gros potentiel à développer au niveau du snacking
La croissance du pouvoir d’achat de la classe moyenne offre de belles occasions dans les produits gourmet, « un marché de niche, mais en croissance progressive », commente Anna Austria, conseiller export à Business France. La démocratisation actuelle du vin aux Philippines laisse de la place pour un renforcement des exportations françaises vinicoles vers l’archipel. La France est pourtant déjà le 6e fournisseur de l’archipel en volume, avec 5 millions de tonnes exportées (4e en valeur).
Un marché difficile d'accès
La charcuterie française a une grande marge de progression aux Philippines, un segment dominé par des marques italiennes. Par ailleurs, les Philippins prenant 5 à 6 repas par jour, « le pays a un gros potentiel à développer au niveau du snacking », ajoute Anna Austria. Le marché de l’archipel est cependant difficile d’accès, les entreprises étrangères étant contraintes de s’allier avec des acteurs locaux pour bénéficier d’une distribution fiable. L’enregistrement de nouveaux produits est très long, susceptible de s’étaler sur 3 à 6 mois si les délais sont raisonnables, ou bien sur plus d’un an dans certains cas. Beaucoup d’acteurs philippins de l’agroalimentaire seront présents au Salon international de l’alimentation à Paris entre le 21 et le 25 octobre, « une occasion à ne pas manquer pour leur présenter des produits », juge Anna Austria.
Des filières en attente de technologie
Certaines filières agroalimentaires philippines ont besoin de modernisation, tel que le secteur des productions halieutiques ou la filière lait caprine « malgré leur feuille de route très ambitieuse. Elles ont besoin de transferts de technologie », selon Anne Bernard, chargée d'études internationales à Business France. La filière mangue éprouve, quant à elle, un besoin d’organisation pour l’export, afin de répondre à une forte demande mondiale. « La déshydratation des fruits et le stockage sont mal maîtrisés », commente-t-elle. De manière générale, « l’archipel a besoin d’un transfert de savoir-faire, de matériel et d’expertise en organisation dans les filières agroalimentaires. C’est une aubaine pour la France », affirme Anne Bernard.