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La France sous pression de la dynamique allemande

La crise de la production porcine accélère les restructurations. Celles qui sévissent en Europe du Nord modifient en profondeur la carte du cochon. En France, la filière appelle les groupements à se rassembler autour du marché du porc breton, pour influer sur le prix du marché.
Les clignotants restent désespérément au rouge. La production porcine européenne a abandonné 2,5 % en 2009, à 250,6 millions de têtes, et les prix ont reculé de 7,6 %. En France, le prix de base fixé au marché du porc breton à Plérin (Côtes-d’Armor) a atteint 1,146 euros, en repli de 9,43 % par rapport à 2008. Si les éleveurs français finissent tout près du prix d’équilibre, les pertes engendrées en 2007 et 2008 demeurent dans les bilans. À regarder de plus près, on observe que la crise favorise la réorganisation de la production à l’échelle européenne.
Lors de l’assemblée générale du MPB, jeudi 29 avril, l’intervention de Bert Van Meer, manager export de la firme génétique hollandaise Topigs, sur « les évolutions de la production porcine en Europe du Nord » fut très instructive. Dans une Europe où les cours ont chuté de 7 %, l’expert distingue quatre bassins de production. Le nord de l’Europe (Allemagne, Danemark, Pays-Bas et Belgique) détient 35 % de la production européenne, l’Espagne 10 %, l’ouest de la France 7 à 8 %, l’Italie 4 à 5 %. Le reste appartient essentiellement à la Pologne, la Hongrie et la Roumanie, « des bassins potentiels », affirme Bert Van Meer.

Le Danemark n’est pas épargné
La dynamique de la production européenne se situe clairement en Allemagne. Hormis Danish Crown (Danemark), les plus grandes entreprises d’abattage sont toutes allemandes. Tonnies, Vion et Westfleisch ont abattu, en 2009, respectivement 13,2 millions, 10 millions et 6,6 millions de porcs. À eux trois, ces géants ont absorbé la moitié des porcs traités en Allemagne. La production allemande (46 millions de têtes) n’a pas suffi à leurs besoins. Ils se sont donc approvisionnés en porcs charcutiers vivants importés des pays limitrophes (Danemark et Pays-Bas principalement), ou en porcelets que leurs groupements de producteurs partenaires ont engraissé pour eux.
La filière porcine allemande doit sa puissance au dynamisme de la consommation locale – l’Allemand mange en effet du cochon à toutes les sauces (50 kilos par an contre 33 pour le Français) – et à sa position centrale en Europe qui lui permet d’exporter à bon prix entre 40 et 50 % de sa production. Surtout, la filière allemande bénéficie de coûts industriels très compétitifs, grâce à une main-d’œuvre étrangère payée peu cher. En production, les länder allemands, surtout dans le nord-ouest et l’est du pays, ne bloquent pas les agrandissements des élevages qui atteignent, dans l’est du pays, une taille moyenne de 900 truies.
Mais cette concentration sème le trouble dans les pays voisins. Le marché du Danemark est en pleine restructuration, avec une spécialisation accélérée des élevages entre naisseurs et engraisseurs. Les premiers exportent 90 % de leurs jeunes animaux (6 millions l’an passé) vers l’Allemagne pour qu’ils soient engraissés sur place. Les seconds alimentent un circuit industriel local en perte de vitesse –21,3 millions de porcs abattus en 2005, 17,4 en 2009 – où Danish Crown doit restructurer ses usines en surcapacité, et faire face à une concurrence plus importante qu’autrefois.
Aux Pays-Bas également, la spécialisation avance à grand pas, et l’économie dépend fortement de l’exportation en vif. La France ? Sa production reste orientée sur un modèle d’élevages naisseurs-engraisseurs. Et la restructuration de sa filière se trouve au point mort, alors que d’importants mouvements s’opèrent dans l’industrie (acquisition de Socopa par Bigard, fusion de Arca et Cooperl dans Cooperl Arc Atlantique, etc.)
La Commission européenne étant restée sourde, en 2009, aux demandes des opérateurs (majoritairement du sud de l’Europe) de réactiver les restitutions à l’exportation, les responsables de la filière ne comptent que sur eux-mêmes. Objectif prioritaire : passer d’un peu plus de 60 000 animaux négociés chaque semaine au MPB (400 000 abattus) à 70 000 aujourd’hui, puis 100 000 pour tenter d’agir sur le prix.
Vœu pieu ?

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