Aller au contenu principal

La filière lait doit-elle se méfier du boom des MDD ?

Les marques de distributeurs constituent-elles une menace ou une opportunité pour la filière laitière ? le sujet faisait l’objet d’une conférence organisée par l’Institut de l’Élevage, au salon de l’élevage SPACE, à Rennes.

(de g à d) : Yoann SERREAU, président de l’UNELL (AOP livrant Lactalis) ; Dominique HUTH, directeur général de la BU lait-beurre-fromage d’Agrial-Eurial ;  Bertrand MORAND, responsable des partenariats et filières agricoles chez U.
(de g à d) : Yoann SERREAU, président de l’UNELL (AOP livrant Lactalis) ; Dominique HUTH, directeur général de la BU lait-beurre-fromage d’Agrial-Eurial ; Bertrand MORAND, responsable des partenariats et filières agricoles chez U.
© Frack Jourdain

Si la collecte laitière a rebondi de 0,7 % sur les huit premiers mois de l’année, c’est avant tout en raison des pluies qui ont favorisé la pousse de l’herbe et la productivité laitière. Mais depuis 2021, la production française est structurellement en recul (23,417 milliards de litres en 2023). 

Lire aussi : Produits laitiers : « Il n’y avait jamais eu de mouvement aussi majeur vers les MDD »

 « La part des MDD est passée de  39 à 44 % en ultra-frais »

La consommation de produits laitiers, en légère progression, se situe à 307 équivalents litres de lait par habitant. Mais dans le segment de la grande distribution -la moitié du débouché du lait environ, l’autre moitié tant constitué d’ingrédients calés sur les prix mondiaux-, on observe que les marques nationales reculent au profit des marques de distributeurs (MDD).  

Lire aussi : Quels sont les fromages les plus achetés par les Français ?

Le poids des MDD augmente au rayon produits laitiers 

Selon les données de l’Institut de l’Élevage courant de 2021 au premier semestre 2024, « la part des MDD en beurre est passée de 35 à 38 %, de 39 à 44 % en ultra-frais, de 40 à 47 % en lait liquide, de 43 à 46 % en fromages libre-service, de 50 à 53 % en crèmes », explique Christine Goscianski, chargée d’études en économie à l’Institut de l’Élevage. 

« Elles intègrent moins de coûts d’innovation, de force commerciale et d’animation  »

Elles se positionnent en-dessous du prix des marques nationales « parce qu’elles intègrent moins de coûts d’innovation, de force commerciale et d’animation de marque que les marques nationales », explique Bertrand Morand en charge chez le distributeur U des partenariats et filières agricoles. 

Lire aussi : Beurre, crème, lait UHT, fromage : que retenir de la consommation des Français en 2023

Pour le moment, pas d'impact sur le prix du lait au producteur

Dans un contexte inflationniste et de baisse de pouvoir d’achat des consommateurs, elles répondent de fait à une demande du consommateur. Elles permettent aussi à l’industriel d’optimiser le taux d’occupation de ses usines. En revanche, le développement des MDD peut interroger sur la valeur du prix du lait payé au producteur. La question ne vaut pas dans le contexte actuel de baisse de la production, de coût de revient sanctuarisé par les lois Egalim et de prix moyen payé au producteur d’un bon niveau. Mais qu’en sera-t-il sur le long terme ? 

« Les MDD communiquent aussi sur la qualité »

« Si les magasins ne mettent en avant que leur MDD, çà peut effectivement impacter la valeur payée à la production », explique Yoann Serreau, président de l’UNELL, association de 11 organisations de producteurs (5 200 fermes, 3,1 milliards de litres de lait) livrant leur lait à Lactalis. « Mais ce que l’on voit aujourd’hui, c’est que les MDD communiquent aussi sur la qualité ». Une MDD est de la responsabilité de l’enseigne qui la porte. Aussi l’on voit de plus de contrats tripartites (enseigne, industriel, OP) reposant sur un cahier des charges se mettre en place. 

Lire aussi : Qu’est ce qui concurrence l’ultra-frais laitier sur le segment des desserts

Si la collecte de lait baisse encore, quelles conséquences ?

Pour le distributeur U, ces relations à trois « dans une logique partenariale permettent de sécuriser l’approvisionnement sur le moyen et le long terme », démystifie Bertrand Morand, pour qui « les MDD donnent de la visibilité à nos partenaires ». 

« Sécuriser l’approvisionnement sur le moyen et le long terme »

À l’entendre, les marques de distributeurs ne sont pas donc pas destructrices de valeur. « La diversité des OP permet la pluralité des qualités et des savoir-faire ». Par contre si la production laitière française venait à décrocher un peu plus, des enseignes pourraient être tentées d’augmenter la part de leurs importations plutôt que de privilégier l’origine France.    

Les plus lus

troupeau de vaches dans les prairies du Montana
Les agriculteurs américains soulagés du report des droits de douanes pour le Mexique et le Canada

Le secteur agricole américain pourrait bien être la principale victime de la guerre commerciale de Donald Trump, comme lors de…

vache charolaise dans un pré
La vache lait O dépasse les 5 €/kg, les prix des jeunes bovins se calment

Les prix des bovins ont gagné 14,5 % en un an, et la hausse pourrait bien continuer, car si les prix des JB semblent marquer…

un drapeau américain et un drapeau de l'union européenne qui flottent cote à cote dans la tempete, arrière plan neutre
Les États-Unis annoncent des taxes sur l’agriculture, la Chine riposte, que va faire l’UE ?

L’annonce de taxes sur les produits agricoles par Donald Trump devrait entraîner une réponse européenne, pour le moment, seule…

image d'un rayon oeuf vide
Flambée des prix des œufs en France, est-ce la faute des États-Unis ?

Alors que la pénurie d’œufs aux États-Unis et les prix exorbitants des œufs à New York ont défrayés la chronique, la hausse…

agneaux et brebis en bergerie
Les prix des agneaux de nouveau au-dessus de 10 €/kg, des records probables pour Pâques

Les prix des agneaux progressent de nouveau, à un mois de Pâques, temps fort de consommation de la viande ovine, qui résiste…

Graines de soja dans des mains
Risques liés aux isoflavones : pourquoi l’Anses recommande d’éviter les aliments à base de soja en restauration collective

L’Anses recommande ce 23 mars de ne pas servir d’aliments à base de soja en restauration collective pour éviter une…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio