Jérôme Foucault, président de l’Adepale : « Certains distributeurs nous laissent la tête sous l’eau avec les filières agricoles »
Le président de l’Adepale, représentant les PME et ETI la transformation agroalimentaire, commente les négociations et tire des conclusions.
Le président de l’Adepale, représentant les PME et ETI la transformation agroalimentaire, commente les négociations et tire des conclusions.
Les demandes de revalorisation tarifaires des transformateurs agroalimentaires ayant conclu avec les distributeurs le 15 janvier étaient « raisonnables » aux yeux de Jérôme Foucault, président de l’Adepale qui représente plusieurs filières (traiteur frais, salades, surgelés, aliments conservés, légumes secs et riz). « Nos entreprises n’ont jamais demandé plus de 4,5%, au maximum 5% », affirme-t-il. « Quand on a obtenu 3% passe encore, mais si c’est 1% ou -1%, on nous laisse la tête sous l’eau avec les filières agricoles », s’alarme-t-il. Il s’interroge aussi sur la date d’application des nouveaux tarifs, qui n’est pas forcément le 15 janvier : « Les PME de l'agroalimentaire ont déployé tant d’agilité pour négocier en un temps très court, et elles devraient attendre un mois ? »
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« Certains distributeurs ont dévoyé l’esprit des lois Egalim », reproche Jérôme Foucault. Il exprime deux abus remontés des adhérents : ne pas avoir sanctuarisé les prix agricoles au début des négociations comme le voudrait la « marche en avant » préconisée, avoir pris la convention logistique en préalable à la signature de l’accord. Ces distributeurs auraient-ils quand-même respecté la loi « à la lettre » ? « la DGCCRF en jugera », espère-t-il.
Dans les trésoreries des distributeurs
Au-delà des contrôles administratifs renforcés des négociations, l’Adepale attend avec impatience un rapport de l’inspection des finances. Jérôme Foucault pointe que les distributeurs ont augmenté les revenus financiers de leur trésorerie ainsi que leurs dépenses publicitaires (mentionnant spécialement E.Leclerc et Lidl). Au regard des budgets de la distribution, l’Adepale réitère sa proposition de constituer un fonds public-privé qui aiderait les entreprises à renforcer leurs fonds propres, moderniser leurs outils de transformation et avancer dans la transition énergétique et la décarbonation des procédés. « Faisons de la France un champion de l’alimentaire en qualité et en quantité », engage Jérôme Foucault.
Des « distorsions » autour de 350 millions d’euros
Quant au passage prioritaire des PME et ETI dans les négociations commerciales, le président de l’Adepale doute de la pertinence du curseur de 350 millions d’euros de chiffre d’affaires : « des ETI se sont retrouvées au-dessus alors que des sociétés de grandes entreprises sont en-dessous. Ça crée des distorsions de concurrence ». En revanche, « sous 150 millions d’euros par exemple, on a bien des entreprises de dimension régionale », considère-t-il.
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