Huile d’olive vierge : en user à bon escient
Plus question d'abuser du terme « huile d'olive » qui évoque si bien le fameux régime crétois. De nouvelles normes communautaires Règlement n°1019/2002 de la Commission du 13 juin 2002. Il ne concerne pas l'huile d'olive raffinée dépendant du n°136/66/CEE l'interdisent depuis le 1er novembre 2003. Les producteurs de conserves devront non seulement mentionner la teneur en huile d'olive mais aussi préciser s'il s'agit d'huile « vierge extra », simplement « vierge » ou encore « composée d'huiles d'olive raffinées et d'huiles d'olive vierges » La DGCCRF donne l'exemple d'une brandade de morue que l'on peut étiqueter de deux manières : « brandade à l'huile d'olive 5 % (taux se rapportant au poids net de la préparation) » ou « brandade à l'huile d'olive 50 % de la matière grasse (ajoutée) ». La liste des ingrédients précise « huile d'olive vierge (5 %) ».
S'il s'agit d'huile « de grignons d'olive », denrée extraite du résidu sec de la pâte d'olives, encore appelé tourteau, l'industriel n'est pas autorisé à vanter plus noble dénomination, et il doit faire figurer celle-ci dans la liste des ingrédients.
Certaines préparations, comme les conserves de sardines à l'huile d'olive ou de thon à l'huile d'olive, disposent déjà d'une réglementation spécifique de non-mélange avec d'autres huiles végétales Relevant des règlements n°2136/89. Le nouveau règlement ne les concerne pas.
Date limite d'utilisation optimale
Passons aux bouteilles. Aucun flacon ne peut suggérer la présence d’huile d’olive par un dessin, une photo ou une inscription explicite s'il n’en contient au moins 50 %. Il doit en outre annoncer de façon très visible un mélange d'huiles végétales et afficher le pourcentage d'huile d'olive.
La « première pression à froid » n’a plus de sens
La mention « première pression à froid », bien qu'appréciée du consommateur, va presque disparaître, car elle n’a plus de sens. Elle est désormais réservée au procédé mécanique (la meule) que seuls des producteurs traditionnels (1 % de la production française) ont conservé. Aussi, la profession s'oriente vers la mention « première extraction à froid ». Le nouveau règlement impose encore aux huiliers d'inscrire la définition exacte de leur produit. La DGCCRF recommande les formulations « huile d'olive de catégorie supérieure obtenue directement des olives et uniquement par des procédés mécaniques » pour l'huile d'olive vierge extra, « huile d'olive obtenue directement des olives et uniquement par des procédés mécaniques» pour l'huile d'olive vierge, « huile contenant exclusivement des huiles d'olive ayant subi un traitement de raffinage et des huiles obtenues directement des olives » pour l'huile d'olive (composée d'huiles d'olive raffinées et d'huiles d'olive vierges), « huile contenant exclusivement des huiles provenant du traitement du produit obtenu après extraction de l'huile d'olive et des huiles obtenues directement des olives» (ou) « huile contenant exclusivement des huiles provenant du traitement des grignons d'olive et des huiles obtenues directement des olives » pour l'huile de grignons d'olive.
Le goût sur l’étiquette
L'huilier s'en tiendra aux caractéristiques réglementaires (voir encadré), qui se renforcent pour la catégorie « vierge extra » et il donnera une date limite d'utilisation optimale. Car l'huile d'olive perd ses qualités gustatives en vieillissant et se gâte d’autant plus vite qu’elle est plus acide.
Les huiliers attendront le 1er novembre 2004 pour user des attributs gustatifs « fruité », « amer », « piquant », ou encore « douce », ce volet législatif restant en gestation.
A l’origine est l’olive
Enfin, au grand plaisir de la filière française, les mentions d'origine locales se limitent strictement aux AOP et IGP. Un privilège pour les AOP Nyons, Vallée des Baux-de-Provence, Aix-en-Provence et Haute Provence (à noter que l'huile d'olive de Nice bénéficie de l'AOC et est en cours d'enregistrement AOP). Par ailleurs, toute mention d'origine nationale (facultatif) d'un pays de l'UE doit se référer à une récolte et une trituration réalisées (au moins au trois quart) dans ce pays.
Dans le cas d'un pays tiers, l'on fait référence à la « dernière ouvraison substantielle ». « Une huile d'olive de France doit être obtenue à partir d'olives françaises, triturées en France», insiste l'interprofession Afidol. Le garant de l'origine désigné est le conditionneur, dont le numéro d'agrément Oniol figure sur l'étiquetage.
Ce règlement anti-abus et anti-fraude s'accompagne d'une restriction au conditionnement de livraison et de vente au détail (le maximum est fixé à 5 litres) et d'un arsenal de contrôle qui satisfait la filière française. Pour les producteurs français, il est « la seule garantie de voir certaines pratiques déloyales disparaître ».