Fipronil : l’étincelle qui fait flamber les prix
Effet secondaire de la fraude au fipronil, les prix des œufs ont flambé à travers l’Europe. En cause, la soudaine baisse de l’offre, les œufs contaminés ayant été détruits et les poules contaminées sortant du circuit de production. Aux dires de la filière, deux stratégies sont adoptées en Belgique, Allemagne et Pays-Bas : l’abattage (surtout lorsque le lot est âgé) ou un ajustement de l’alimentation des poules afin qu’elles perdent leurs réserves de graisse et puissent voir leur taux de fipronil diminuer suffisamment pour que les œufs fassent leur retour sur le marché. Dans les deux cas, ce sont autant d’œufs en moins sur le marché. Pourtant les besoins sont bien présents.
L’après-15 août est souvent synonyme de réveil de l’activité avec la rentrée, tant en œufs destinés au conditionnement qu’à l’industrie. Des besoins d’autant plus soutenus que certains intervenants ont dû laisser de côté une partie de leur stock d’œufs ou d’ovoproduits, pour cause de contamination.
L’origine France plébiscitée
La filière française n’échappe pas à la flambée des cours. La Tendance nationale officieuse (TNO) de l’œuf de cage tout venant destiné à l’industrie a grimpé de plus de 35 % entre fin juillet et fin août. Selon la filière, les prix des œufs de poules au sol auraient quant à eux repris près de 42 %. Des envolées liées au net regain d’intérêt pour l’origine France.
Certaines entreprises utilisatrices d’ovoproduits souhaitent revenir s’approvisionner en produits à base d’œufs pondus en France, faute de disponibilités et de certitudes quant à l’absence de fipronil dans les produits de leurs fournisseurs nord communautaires. D’autres, au cahier des charges prônant l’origine UE, demandent aux industriels français de ne pas leur livrer d’ovoproduits fabriqués à base d’œufs belges, néerlandais ou allemands. Des souhaits qui incitent les industriels à accroître leurs achats d’œufs français et de les assurer en acceptant d’importantes hausses de prix.
Peu d’offres à l’horizon
Difficile malgré tout de répondre aux attentes des clients, en particulier pour l’œuf au sol, peu produit en France. Tous les besoins ne sont pas couverts et des restrictions de quantités livrées commencent à être réalisées pour assurer un minimum de volumes à chacun. Aucun retour rapide de l’offre n’est attendu à moyen terme. La rémanence du fipronil étant estimée autour de huit mois, il va encore falloir du temps aux États membres du Nord pour retrouver des productions saines et rassurer leur clientèle.
En œufs de poules en cage, la pénurie n’est pas d’actualité mais les tensions sont vives. Seul un ralentissement du commerce de l’œuf destiné au conditionnement laisse entrevoir aux industriels un approvisionnement plus aisé et une stabilisation de leurs prix d’achat. Ces derniers n’en devraient pas moins rester plus élevés qu’à l’accoutumée, entre hausse de la demande et production stable à baissière, du fait notamment des projets de développement de l’alternatif au détriment de la cage.
Autant de perspectives qui laissent entrevoir aux utilisateurs d’ovoproduits de prochaines révisions à la hausse des prix des ovoproduits.