ESB : le cas américain venait du Canada
La première vache malade de l’ESB détectée aux Etats-Unis, découverte il y a un mois dans l’Etat de Washington, frontalier avec le Canada, était bien originaire du pays des grands lacs. C’est ce qu’assuraient avec insistance depuis plusieurs jours les experts américains, au grand dam d’autorités canadiennes qui espéraient sortir enfin de la crise née en mai dernier de la découverte d’un premier cas de l’épidémie sur leur sol.
Les résultats des tests génétiques menés de part et d’autre de la frontière par les deux Etats rendus publics mardi soir ne laissent plus de doute. « Nous disposons de preuves ADN qui nous permettent de vérifier avec un fort degré de certitude que la vache infectée par l’ESB et découverte dans l’Etat de Washington provient d’une exploitation laitière d’Alberta, au Canada», a sobrement indiqué Ron DeHaven, vétérinaire en chef du ministère fédéral américain de l’Agriculture. Ces tests se sont notamment basés sur la comparaison entre l’ADN de la vache en question et celui de son géniteur, un taureau dont les références scientifiques avaient été conservées par cette ferme canadienne. L’enquête a permis d’établir que la vache en question était entrée en septembre 2001 aux Etats-Unis, avec quelque 80 bêtes du même troupeau.
Les autorités canadiennes se sont d’ailleurs empressées de préciser que de nombreuses zones d’ombre persistaient autour de ce deuxième cas canadien, notamment la façon dont la vache a contracté la maladie et le moment de l’infection. Une façon d’insister sur la très grande solidarité entre le Canada et les Etats-Unis dans ce domaine, tant les échanges entre les deux pays dans le secteur bovin, stoppés depuis par la mise en place d’un embargo du côté américain, ont été intenses ces dernières années (lire encadré).
Le ministre canadien, qui a annoncé mardi des mesures de précaution supplémentaires sur la production canadienne (mesures de surveillance sur l’alimentation du bétail, amélioration des mesures d’identification, de suivi et de retraçage ; augmentation du nombre de tests sur les animaux à haut risque) n’a pas renoncé pour autant à lever l’embargo décidé par son voisin.
« J’ai discuté de ces mesures aujourd’hui (Ndlr : hier) avec la secrétaire américaine à l’Agriculture, Mme Ann Veneman, a indiqué le ministre canadien. Je continue de faire valoir les arguments du Canada concernant la réouverture de la frontière américaine suivant des motifs scientifiques et objectifs», a-t-il poursuivi annonçant des rencontres sur ce thème le 16 janvier avec son homologue américaine. « Le Canada espère élaborer avec les États-Unis une approche nord-américaine visant le retrait des matières à risque spécifiées (MRS) dans les aliments du bétail qui reflète la nature intégrée de l’industrie bovine en Amérique du Nord».
Les Américains ne semblent d’ailleurs guère se faire d’illusion sur la possibilité d’apparition d’autres cas sur leur sol. « Nous n’avons pas encore eu de cas d’ESB né aux Etats-Unis, mais en même temps il faut rappeler que nos marchés sont fortement intégrés », a reconnu le vétérinaire en chef du ministère fédéral américain de l’Agriculture.
Il reste que la révélation de l’origine de ce deuxième cas nord-américain est avant tout un rude coup porté à l’industrie canadienne de la viande, qui comptait relancer ses exportations bovines après le cas d’ESB du printemps dernier. Ce secteur, qui générerait un chiffre d’affaires annuel de quelque 7,5 milliards de dollars canadiens, a dû faire faire face à l’embargo d’une trentaine de pays, dont les Etats-Unis. Depuis, la plupart des partenaires commerciaux du Canada ont rouvert leurs frontières partiellement, mais le secteur n’a retrouvé que 80 % du niveau de ses recettes d’avant crise.