En dehors des réalités
Les opérateurs de la restauration collective avaient prévenu avant la tenue des états généraux de l’alimentation : pour améliorer les repas dans les cantines, il serait avant tout nécessaire d’en revaloriser le prix. Comment faire des miracles avec une assiette dont le coût est compris entre 1,50 et 2,50 euros ? Les professionnels, représentés notamment par le réseau Restau’co, avaient aussi exprimé des doléances en faveur de synergies sur le territoire pour augmenter les volumes de produits de qualité et en réduire le prix, et pour une meilleure formation des cuisiniers de la restauration collective. Après plusieurs mois de discussions lors des états généraux de l’alimentation, le gouvernement puis les députés de la commission du Développement durable n’ont rien retenu de ces demandes. La commission des Affaires économiques puis la discussion en séance publique peuvent encore changer la donne, mais pour l’heure, le texte du projet de loi Alimentation semble très éloigné de la réalité du terrain. 20 % de produits issus de l’agriculture bio et 30 % bénéficiant d’un autre des signes de qualité d’ici au 1er janvier 2022 dans les menus ; de préférence en introduisant des produits de saison et des aliments issus du commerce équitable ; sans oublier de prévoir un plan annuel de diversification des protéines ; le tout en se passant de contenants en matière plastique dès le 1er janvier 2022 pour cuire, réchauffer ou servir les plats : voilà les objectifs assignés à la restauration collective publique et privée. Le tout sans moyens financiers supplémentaires. Tout juste les députés ont-ils estimé que les collectivités territoriales devraient prévoir un soutien financier pour les établissements situés dans les zones urbaines et rurales les moins favorisées. Des vœux pieux tant ces objectifs semblent difficiles à atteindre pour la restauration collective de plus en plus tenue à des budgets serrés, notamment dans les secteurs du social ou de la santé. Messieurs les députés, affirmer vouloir offrir une meilleure alimentation aux Français, c’est bien, mais s’en donner les moyens, c’est mieux !