En Auvergne, la filière avicole bio recrute

Jeudi 17 septembre, à proximité de la commune de Saint-Didier-en-Donjon, le thermomètre affiche une douzaine de degrés. La brume peine à se lever, les protégés de Mirjam Lagardette ont six semaines et hésitent à mettre le bec dehors pour aller gambader sur les 16 000 m2 dont ils disposent.
Nous sommes dans l'Allier. Mir-jam Lagardette est agricultrice bio depuis 2007 sur 39 hectares (ha). Elle produit des céréales sur 8 ha, dispose d'une bergerie de 260 brebis et de deux bâtiments avicoles de 400 m2 chacun. En novembre, après un BTS production animale et un master à l'Institut des hautes études de droit
” rural et d'économie agricole, Julien, son fils de 24 ans, la rejoindra sur l'exploitation avec 27 ha supplémentaires. Deux nouveaux poulaillers – pouvant accueillir 4 000 poulets chacun – seront construits. Ça tombe bien, en Auvergne, la filière avicole bio a besoin de nouveaux éleveurs. « Nous produisons 20000 poulets par semaine. Notre objectif est de passer à 22000. Sept bâtiments vont voir le jour d'ici un an, il nous en faudrait une dizaine de plus », résume Jean-Paul Gueganno, responsable du bio au sein de Force Centre, organisme de production, filiale de Tellus Nutrition Animale (groupe Axéréal). Un groupe qui dispose en Auvergne d'un couvoir et d'une usine d'alimentation dé-diée au bio. Jean-Paul Gueganno met en place la production, vend aux quatre abattoirs de la filière, rémunère les éleveurs…
Une fois par an, il procède à un état des lieux pour évaluer les be-soins. Force Centre suit ainsi 450 élevages avicoles en Auvergne et départements limitrophes dont 46 en bio. « Avec 10,4 % de la production nationale, l'Auvergne est la 4e région productrice de poulets de chair bio », constate Bernard Devoucoux, président de la section bio du Syndicat national du label Rouge et responsable de la section bio au sein du Syndicat de défense des volailles fermières d'Auvergne. « Nos poulets bios ont au moins 81 jours, contre 60 à 70 ailleurs en Europe et 35 à 40 jours pour un poulet standard », précise-t-il. Ils disposent chacun de 4 m2 de parcours en extérieur et peuvent sortir à partir de 42 jours. Autre point, en Auvergne, les bâtiments n'accueillent pas plus de 4000 têtes au lieu des 4800 autorisées.
Le succès de la filière s'explique par l'arrivée de nouveaux clients sur le marché et de nouveaux débouchés tel que le bio casher sur lequel l'abattoir André Volailles a su se positionner. Ses tonnages ont été multipliés par trois en deux ans pour représenter 860 poulets par semaine. « Très vite, un planning régional commun aux trois abattoirs a été mis en place pour assurer un équilibre pérenne entre nous », explique Yannick Sol, responsable de l'entreprise. Ce partenariat implique Allier Volailles et la Maison Pouzadoux concentrés sur le marché régional. La croissance émane aussi d'Arrivé Auvergne. 90 % de la production passe par cet abattoir qui approvisionne la GMS et aussi à l'international (avec une ouverture en Belgique et en Suède).
Au final, la différence a un coût : 3 euros pour un poulet standard, 5 euros pour un label Rouge et 9,5 euros pour un bio (blanc ou jaune). Des chiffres que Marc Saulnier, directeur d'Arrivé Auvergne, affine en précisant que dans les rayons de la GMS, les cuisses sont commercialisées 8 euros/kg et les filets 20 euros/kg. Il note aussi qu'en bio la part de découpe est plus forte. Seuls 35 % des poulets sont commercialisés en entier. Arrivé Auvergne propose des morceaux désossés ou pas, avec ou sans peau. Le reste est valorisé en émincé ou sauté pour la restauration collective.
Pour cette fin d'année, Bernard Devoucoux table sur un objectif de croissance de 5 à 10 % en invitant de nouveaux producteurs de céréales et de soja bio à rejoindre la filière dans cette perspective de développement.