En Allemagne - Coopératives et privés partagent la même approche libérale du marché
La filière laitière allemande reste partagée sur la meilleure manière de régler les rapports futurs entre industriels et apporteurs de lait. Une majorité d’intervenants penche pour un marché le moins encadré possible

Les relations entre industriels et apporteurs doivent-elles évoluer ?
Eckard Heuser - Pour le MIV, les coopératives qui transforment 65 % du lait allemand n’auront pas à changer leur fonctionnement. Mais si des éleveurs déposent des recours, tout est envisageable. Les laiteries privées auront à écrire le volume et le prix. Coopératives et privés sont toutefois d’accord pour donner une garantie de collecte à tout le lait produit. Ils partagent la même approche libérale du marché. La crainte est qu’en cas de nouvelle crise, l’État oblige à passer des contrats.
Ludwig Börger - Le DBV attend que les éleveurs, notamment ceux qui ont investi et qui ont des emprunts à rembourser, bénéficient d’une sécurité de prix sur la durée. Les marchés à terme peuvent par exemple jouer ce rôle pour des périodes de douze mois même si ce n’est que pour 30 à 40 % du lait livré. Anticiper les fluctuations de prix grâce aux signaux envoyés par le marché, échanger sur les besoins et prévisions de production, peut se régler dans le cadre actuel sans forcément passer par des contrats.
Romuald Schaber - Nous sommes pour des contrats avec une durée, un volume, un prix, mais lequel ? Le coût de production ne sera pas pris en compte. C’est le point faible de l’article 148. Si la situation économique des éleveurs n’est pas le point de départ de tout le raisonnement, le rapport entre industriels et apporteurs sera toujours déséquilibré.
Que pensez-vous des négociations tripartites ?
E. H. - Elles n’ont pas été bien gérées. Les décideurs politiques cherchent à influencer le marché à travers leurs propositions. Le MIV ne croit pas que les mesures envisagées contribuent à stabiliser le revenu des éleveurs. Mais si elles se concrétisent, il faudra voir comment vivre avec.
L. B. - La prolongation du paquet lait, le choix de ne pas prévoir d’instruments financiers pour réguler la production lors d’une crise, constituent de bonnes nouvelles. Le DBV souhaite que l’État laisse faire les acteurs du secteur et n’interfère pas dans leurs décisions.
R. S. - Ce sera du gagnant/ gagnant si l’Europe décide d’un instrument de crise qui indemnise les éleveurs réduisant volontairement leurs apports en limitant les livraisons de ceux qui ne participent pas au programme.
Quel rôle pourrait, selon vous, jouer une interprofession en Allemagne ?
E. H. - Plusieurs länder ont des interprofessions qui dépensent grosso modo sept millions d’euros par an, essentiellement dans des opérations de communication. Est-ce que ça apporte quelque chose ? Les membres du MIV en ont discuté et ne sont pas prêts à s’engager dans cette voie et à en trouver le financement.
L.B. - Une telle structure aurait certainement plus de poids qu’une organisation informelle. Elle devrait être le lieu pour s’entendre sur les standards de production et pour mettre en oeuvre des aides à l’innovation et à la promotion financées par l’UE et le secteur.
R. S. - Le BDM/EMB y est favorable. Pourquoi ne pas se voir régulièrement pour traiter de sujets comme le bien-être animal ? Le risque est que ce soit juste un club de discussion sans mesures concrètes à appliquer sur le terrain. L’interprofession ne réglerait sans doute pas tout.