Éleveurs, organisez-vous !
La loi du marché et les règles de la concurrence s'assouplissent quelque peu en faveur de la production agricole. Bruxelles vient d'éditer de nouvelles lignes directrices sur la vente conjointe d'huile d'olive, de viande bovine et de produits des grandes cultures. « L'objectif est de faire en sorte que les agriculteurs européens puissent coopérer pour rester compétitifs et bénéficier d'un pouvoir de négociation vis-à-vis des acheteurs », a souligné Margrethe Vestager, commissaire chargée de la politique de la concurrence. Le tout sous certaines conditions. Consciente que ces secteurs pâtissent d'un manque d'organisation en amont, la Commission européenne clarifie les dérogations à l'interdiction d'accords anticoncurrentiels introduites par la nouvelle Pac. Les derniers évènements conflictuels entre la production et la transformation (opération de stickage contre Bigard orchestrée par la FNB suivie d'une action en justice du no 1 de la viande) montrent à quel point les éleveurs ont intérêt à privilégier la voie de l'organisation. Pour pouvoir réaliser des ventes conjointes, les producteurs doivent être regroupés en organisations ou associations d'organisations de producteurs officiellement reconnues par les autorités nationales, et leurs ventes ne pas représenter plus de 15 % du marché national. Les OP doivent exercer d'autres activités que la vente conjointe, comme la promotion de leurs produits, l'achat conjoint d'aliments pour animaux ou encore la mutualisation du transport. « 200000 éleveurs d'un côté : de l'autre, quatre centrales d'achat, une restauration hors foyer bien organisée, un marché mondialisé. Ne nous laissons pas bercer d'illusions : tant que les éleveurs ne seront pas regroupés en organisations économiquement puissantes face à l'ensemble de la distribution, des crises comme celles d'aujourd'hui se reproduiront », écrit Philippe Dumas, président de Sicarev, dans la revue de la coopérative. Et il a raison : plutôt que d'engager une lutte contreproductive contre la transformation, les éleveurs bovins doivent s'emparer des possibilités qui leur sont offertes aujourd'hui pour se renforcer. N. Marchand