[Edito] Vive la croissance… propre !
« Je me surprends tous les jours à me résigner, tous les jours à m’accommoder des petits pas, alors que la situation universelle, au moment où la planète devient une étuve, mérite qu’on change de paradigme », a déclaré Nicolas Hulot, lors de sa démission « surprise » le 28 août. La forme de cette annonce a généré beaucoup de commentaires, pourtant, cette phrase mérite davantage débat et réflexion. Faut-il vraiment bannir la politique des petits pas, non satisfaisante, selon monsieur Hulot ? Est-il possible de bouleverser les mentalités de manière radicale ou cela relève-t-il de l’utopie ? L’explorateur Bertrand Piccard, à la tête de Solar Impulse, a exprimé, dans une interview sur Linkedin, l’idée qu’il aurait peut-être mieux valu rester à l’intérieur du gouvernement et tirer la sonnette d’alarme tous les jours plutôt que de faire le buzz un jour en démissionnant. L’aéronaute suisse estime que l’opposition entre les écologistes, chantres de la décroissance, et les entrepreneurs, obnubilés par la croissance, est désormais révolue avec l’émergence de technologies propres. Dès lors, en incitant les entreprises à y avoir recours (en conditionnant les aides à la création d’entreprise ou en finançant la recherche de nouvelles technologies vertes par exemple) et en poussant les consommateurs à se tourner vers leurs produits, le gouvernement pourrait améliorer l’efficacité de sa politique en matière de transition écologique. En inscrivant la protection de l’environnement dans chaque rouage de l’économie, il devrait être possible, petit à petit, de redresser la barre. Les pouvoirs publics – Nicolas Hulot en homme des médias aurait très bien pu s’en charger – ont un rôle à jouer pour promouvoir au maximum l’intérêt d’une « croissance propre » au sein de la société. Certains acteurs semblent l’avoir compris. Comme Carrefour, qui vient de se doter d’un comité d’orientation alimentaire, pour accompagner son ambition de « devenir le leader mondial de la transition alimentaire pour tous ». Espérons qu’en sortiront de vraies bonnes idées pour tous, la filière agroalimentaire et la planète.