[Édito] Un retour nécessaire de l’inflation ?
Huit ans ! Huit ans que les entreprises agroalimentaires subissent une déflation de leurs conditions d’achat, une situation assez unique, au moment où le retour de l’inflation semble se généraliser en Europe. La zone euro a enregistré une hausse du taux d’inflation de 2 % sur un an, soit son plus haut niveau depuis octobre 2018, selon les chiffres publiés par Eurostat début juin. L’Allemagne et l’Espagne suivent cette tendance haussière. Même si les économistes débattent encore des avantages et des inconvénients de l’inflation, celle-ci pourrait avoir le mérite de donner un peu d’air à des industriels parfois à bout de souffle. Au contraire, en France, une partie des industriels luttent pour revaloriser des produits vitaux à tous. L’Ania remontait de la part de ses adhérents des besoins de revalorisation de l’ordre de 9 % en moyenne, face à des taux de marge en baisse. Dans une tribune publiée le 14 juin, 139 dirigeants de PME regroupées au sein de la Feef lançaient un appel à la mise en place d’un « prix rémunérateur pour tous », dans le cadre de la loi Egalim 2. Alors que la future loi Besson-Moreau prévoit la prise en compte des coûts de production dans les contrats entre les deux premiers maillons de la chaîne, il serait également temps que ces hausses de prix soient aussi répercutées sur le dernier maillon. Oui, il serait plus que temps que ces entreprises, qui nous nourrissent, qui créent des emplois sur le territoire, de la valeur ajoutée pour l’économie française, soient considérées comme un maillon essentiel comme celui de l’amont agricole. L’un ne peut pas aller sans l’autre. Ils sont interdépendants et à vouloir aider l’un sans prendre en compte l’autre, on entretient un déséquilibre mortifère pour l’ensemble des maillons de la chaîne.