[Edito] « Polluez !… c’est taxé »
L’idée de la suppression de la TVA sur le bio, que nous avions déjà évoquée dans ces colonnes, a fait parler d’elle il y a quelques jours au congrès de la FNSEA. Et cette fois-ci, c’est le ministre de l’Agriculture qui a donné son avis. « C’est une hérésie fiscale et une hérésie sociale : qui peut croire qu’une TVA à 0 %, ça reviendra chez le producteur ? Personne. Ça reviendra chez le distributeur. Ça n’enrichira pas du tout les agriculteurs, mais ça pourra enrichir le distributeur. Donc, ce n’est pas ça le sujet », a déclaré Didier Guillaume. La présidente de la FNSEA, elle, a répété sa maxime : « plus vert, c’est plus cher. Les Français veulent du local, manger a un prix. On ne peut pas se nourrir toujours mieux pour toujours moins cher ». Mettre la TVA à 0 % sur les produits bios reviendrait aussi en quelque sorte à alléger le panier des ménages les plus aisés, ce qui serait contre-productif, voire à encourager l’achat de produits bios d’importation. À l’heure où le grand débat national questionne sur la justice fiscale et le moyen de rebattre les cartes, la lecture d’une intéressante étude du Crédoc, « consommation durable : l’engagement de façade des classes supérieures », relance une autre idée souvent entendue au début du mouvement des gilets jaunes. L’étude a confronté la sensibilité à l’écologie aux pratiques de consommation durable des consommateurs selon leur niveau de vie. Conclusion : « la richesse conduit les plus sensibles à l’écologie à des pratiques de mobilité (prendre la voiture et l’avion, ndlr) qui ne peuvent pas être compensées, en termes d’empreinte écologique, par de petits gestes comme la consommation de produits bios, la réduction ou la suppression de la viande et l’achat de produits d’occasion ». Et si la France – pas toute seule, mais en entraînant l’Europe – se décidait enfin à taxer les transports polluants, en particulier l’avion ! Et pourquoi ne pas utiliser le montant de cette taxe pour soutenir la filière agroalimentaire dans sa transition vers un modèle plus durable, et ainsi rendre plus accessible ses produits à tous les consommateurs ? « Plus vert, c’est plus cher », mais « polluez !… c’est taxé ».