[Edito] Le grand débat de la TVA

Le grand débat national prend fin, et c’est l’heure des prises de position politiques, plus ou moins démagogiques. Pas étonnant donc que la question de la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité, souvent ressortie dans les demandes des gilets jaunes, soit aujourd’hui reprise par telle ou telle personnalité. Et quand il est question de pouvoir d’achat, c’est comme toujours Michel-Édouard Leclerc qui occupe le terrain médiatique. Le 15 mars, le distributeur a dans Le Parisien défendu l’idée de supprimer la TVA sur les produits de qualité comme le bio « pour le rendre plus accessible et permettre à la population la plus modeste d’y avoir, elle aussi, accès ». Une « TVA zéro pour le bio, forcément plus cher » permettrait de ne pas le réserver qu’aux plus riches, selon lui. « Aucune baisse de TVA n’a démontré d’impact favorable majeur. Les exemples de la restauration passée à 10 % ou celui des protections féminines sont clairs pour différentes raisons », a presque immédiatement réagi Dominique Schelcher, président de Système U sur les réseaux sociaux, estimant que le « vrai sujet sur le bio à date » est plutôt « la sécurisation d’approvisionnements durables ». Sous-entendu : une baisse de la TVA profiterait aussi au bio d’importation, et ce n’est peut-être pas la priorité du moment. Dimanche 17 mars, le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, militait lui sur les ondes de France Inter pour supprimer la TVA sur 100 à 200 produits de première nécessité (de l’alimentation, de l’hygiène et des produits pour bébés) pour alléger le panier des ménages français de 20 euros par mois. Une idée louable, mais encore faut-il que Bruxelles l’accepte, il faudra combler ce trou dans les caisses de l’État, et surtout, rien ne garantit qu’à la suppression de la TVA correspondra bien une baisse des prix en rayon et non pas une hausse des marges de la distribution ! Xavier Bertrand – tout en avouant être naïf – assure avoir obtenu de plusieurs patrons de la distribution et de l’Ania l’accord d’une non-augmentation des prix… Alors tout va bien dans le meilleur des mondes… non ?