[Edito] En route vers l’Eldorado chinois
Si le gouvernement et le président de la République peuvent souvent prêter le flanc aux critiques, parfois vives, du monde agricole et alimentaire, les opérateurs de la viande sont unanimes pour saluer l’opération de charme menée par Emmanuel Macron et ses ministres en Chine. Arriver à faire déguster de la viande de qualité française au président chinois, Xi Jinping, devant les caméras du pays, que rêver de mieux pour s’ouvrir les portes de l’immense marché chinois ? Aux opérateurs désormais de vite capitaliser sur les contacts pris à la foire des importations chinoises de Shanghai et de rebondir sur la belle opération de publicité orchestrée par l’Élysée pour développer réellement les volumes à l’exportation vers la Chine. Et ne pas rater l’opportunité du Nouvel An chinois en janvier 2020. Il y a incontestablement une carte à jouer pour la filière bovine française en proie à des difficultés sur le marché français et des éleveurs qui peinent à dégager un revenu de leur activité. Didier Guillaume a affirmé le 12 novembre devant la commission des Affaires économiques du Sénat qu’il en allait de l’avenir du bassin allaitant du Massif central. Sans vouloir faire l’oiseau de mauvais augure ni doucher l’espoir né de la perspective de toucher plus d’une centaine de millions de nouveaux consommateurs, attention toutefois à ne pas concentrer toute son énergie dans cette conquête de l’Eldorado chinois. L’effet de la dégustation commune d’Emmanuel Macron et Xi Jinping sur le pavillon français le montre : ce marché est éminemment politique. Et donc, non sans risque. Si les relations entre la France et la Chine sont bonnes, il n’en sera peut-être pas toujours ainsi. La crise de la PPA et les mauvaises relations entre les États-Unis et la Chine créent par ailleurs aujourd’hui une conjoncture favorable à la France, mais qu’en sera-t-il dans quelques années ? Si ce marché peut offrir un bol d’air salutaire pour l’élevage et la filière viande française, les dossiers de fond du secteur demeurent. Et il convient de continuer, sans euphorie, à travailler sur l’équilibre carcasse, la reconquête du marché de la restauration français ou encore la qualité de la viande.