[Edito] Egalim : qui paie les pots cassés ?
À l’heure où la loi Egalim termine sa première année, il semble que les opérateurs de l’agroalimentaire n’ont pas particulièrement le cœur à célébrer cet anniversaire. La Feef, représentant les PME, en dresse un premier bilan très défavorable. Elle estime (chiffres Nielsen à l’appui) que la loi a fragilisé les marques PME françaises qui ont vu leur taux de croissance divisé par trois, et leur nombre de nouvelles références chuter après une croissance ininterrompue depuis cinq ans. La faute entre autres, selon la fédération, à l’encadrement des promotions en volume imposée par la loi Egalim. En revanche, les MDD progressent, notamment en nombre de références, mais on sait que ce n’est pas forcément sur ces produits que les PME développent de la valeur ajoutée. Côté producteurs, Jean-Baptiste Moreau, rapporteur de la loi, reconnaît lui-même que « les prix ne sont pas là » : « il n’y a pas eu de redescente (sic) jusqu’au producteur ». Le fameux mécanisme de ruissellement vers les agriculteurs fonctionne peu pour l’heure. Et Michel-Édouard Leclerc se gargarise d’avoir eu raison le premier en affirmant que la hausse du SRP sur les grandes marques ne pouvait pas profiter aux agriculteurs. « Ça ne pouvait pas marcher, puisqu’aucun mécanisme n’avait été inséré dans le dispositif législatif pour organiser un éventuel ruissellement de la part des distributeurs… et des industriels », selon le distributeur. Le gouvernement va-t-il accepter de reconnaître une part d’échec de la loi Egalim ou continuer l’expérimentation telle quelle sur deux ans ? L’autre solution semble la voie privilégiée avec l’annonce de la hausse des contrôles pour le second round des négociations et l’appel de Didier Guillaume aux consommateurs à faire un « choix patriotique » pendant leurs courses. Pas de quoi permettre d’entamer une nouvelle année sous de meilleurs auspices. Les équilibres du commerce ont été modifiés et les plus fragiles risquent encore d’en payer les pots cassés.