[Edito] Affaire « Spanghero » : plus jamais ça !
Laurent Spanghero vit encore des moments difficiles, voyant à nouveau son nom associé à la fraude à la viande de cheval, datant de 2013, ressurgir dans les articles de journaux à l’occasion du procès de Jacques Poujol et des trois autres prévenus, qui s’est ouvert la semaine dernière à Paris. Et ce, alors que, comme il le rappelle dans une récente interview à La Dépêche du midi, il n’était pas à la tête de l’entreprise qu’il avait vendue à Lur Berri quatre ans plus tôt. Son fils lui reproche de ne pas s’être porté partie civile dans cette affaire. Sûr que s’il l’avait fait, le bouillonnant entrepreneur audois aurait eu du mal à contenir sa colère contre les initiateurs de cette affaire qui a fragilisé toute une filière et jeté l’opprobre sur la viande. Sans présupposer de la culpabilité des prévenus – laissons la justice faire son travail –, la nonchalance de certaines déclarations a de quoi faire bondir. Le code douanier du cheval figurait sur les factures de Draap (le trader néerlandais), demande la Cour ? « J’ai jamais travaillé avec ces codes que je ne connaissais pas », répond Jacques Poujol, selon l’AFP. Quant à la dénomination, Draap livrait de la viande étiquetée BF pour « boneless fore », « avant désossé », selon le Néerlandais. Mais pour Jacques Poujol, « BF veut dire bœuf ». Si Jacques Poujol rejette toute notion de fraude, il avoue néanmoins une « certaine négligence » au niveau de l’étiquetage et explique avec quelle facilité les étiquettes de Draap étaient remplacées par des fiches ne mentionnant qu’une origine UE et l’estampille de l’entrepôt frigorifique de Spanghero, l’origine de la viande ou le lieu d’abattage étant gommés. Depuis 2013, la loi Hamon a renforcé les sanctions en cas de fraude alimentaire, et depuis l’affaire du fipronil en 2017, l’Europe tente de mieux s’armer contre ce phénomène. Malgré l’émergence de technologies de sécurisation de la traçabilité comme la blockchain, le seul moyen pour ne pas se retrouver victime ou complice d’un futur scandale (comme celui du bœuf polonais ?) n’est-il pas de se poser les bonnes questions quand un acteur, sur le marché, propose une marchandise défiant toute concurrence ?