Drôle de répartition de valeurs
Quand un Français dépense 100 euros pour se nourrir, 64,70 euros reviennent à l’économie nationale seulement (10,90 € financent des importations alimentaires, 14,90 € l’importation d’intrants et 9,50 € couvrent des taxes). Sur ces 64,70 €, seuls 6,20 € retournent aux agriculteurs, 11,70 € aux industries agroalimentaires, 3,20 € aux autres industries, 13,90 € à la restauration, 15,40 € au commerce et 14,30 € aux autres services. Drôle de répartition de la valeur ajoutée ! Tel est l’un des enseignements apportés par l’Observatoire des prix et des marges publié la semaine dernière. Traitant certes de données remontant à 2013, cette représentation schématique devrait être rappelée par les acteurs de la filière agroalimentaire dans quelques semaines après les élections, quand les discussions autour des relations commerciales dans le secteur ne manqueront pas de se rouvrir. L’Observatoire est critiquable, comme le souligne Philippe Chalmin, son président : il présente des décalages dans le temps pour certaines séries de chiffres (coûts de matières premières de 2016, résultats comptables industriels de 2015 voire 2014 et marges nettes de la distribution de 2015). Il se limite aux grands produits de base et peine à obtenir des informations à tous les stades. Au fil de ses rapports – il vient d'en publier le 6e – il montre toutefois une tendance inaltérable : le contraste croissant entre l’instabilité caractéristique des marchés agricoles et la stabilité des prix alimentaires. Philippe Chalmin va jusqu’à dire « qu’en moyenne, les producteurs ne couvrent pas la réalité de leurs coûts de production (en intégrant leur travail et leur capital) ». La principale conclusion que l’on peut tirer de ce rapport étant « qu’au moins depuis 2013, le seul véritable " gagnant " est tout simplement le consommateur qui a bénéficié d’une certaine stabilité de prix de plusieurs familles de produits ». Pas gagnant sur tous les tableaux si ce phénomène conduit à mettre des agriculteurs et des industriels en péril et finit par toucher directement ou indirectement son emploi !