[Edito] Des IAA agiles mais fragiles
Depuis le début de la crise, l’industrie agroalimentaire tient le choc et parvient à réapprovisionner des rayons vidés au début du confinement. Si les entreprises, et notamment les PME, font preuve d’une grande agilité et d’une forte capacité d’adaptation, elles n’en rencontrent pas moins des difficultés qui pourraient les fragiliser. Selon le baromètre de l’Ania, une entreprise sur deux du secteur connaît un taux d’absentéisme moyen de 20 %. Pour continuer à faire tourner leurs lignes de production, elles doivent donc trouver des solutions. Autre problème majeur : sur la base de l’activité constatée au mois de mars, près de 80 % des entreprises anticipent une baisse de chiffre d’affaires, pouvant être supérieure à 50 % dans 26 % des cas, du fait notamment de l’arrêt de la restauration scolaire et commerciale. Sans compter que les entreprises (pour 40 % d’entre elles) rencontrent des problèmes d’approvisionnement notamment en matière d’emballages et de matières premières agricoles. « La situation pour le moment est viable en situation dégradée, mais pourrait être rapidement très difficile si cela continue dans ce sens… À la fin, cela pourrait avoir de réelles incidences sur la viabilité de l’entreprise en fonction de la durée de la situation », témoigne un patron d’entreprise de manière anonyme. « Il faut nous permettre de continuer à travailler et investir dans nos outils de production français », lâche un autre. Le rôle des banques et de l’État, pendant et après la crise, sera capital pour permettre aux industriels de se relever de cette période difficile. Au-delà des effets d’annonce, pour éviter des défaillances dans ce secteur – redevenu stratégique aux yeux de tous – des solutions d’aide à la trésorerie doivent être vite trouvées, et les services de l’administration doivent se montrer à l’écoute. Si les IAA font preuve d’agilité, avec leur faible taux de marge, elles n’en sont pas moins fragiles. Elles doivent être protégées.