Des besoins surévalués et un coût sous-estimé

> Jean-Marie Bomy, conseiller et formateur en supply chain (CFGI Logilité).
Le stock n'est qu'une « anomalie du flux », fait entendre Jean-Marie Bomy aux entreprises qu'il conseille, à l'île de La Réunion ou dans l'Hexagone. C'est de surcroît une anomalie « coûteuse » en besoin en fonds de roulement (BFR). Le conseiller, également formateur en supply chain (CFGI Logilité), distingue les stocks de gestion, d'anticipation, de spéculation. Les deux premiers sont là pour répondre à la « demande », dont les besoins, en cours ou prévus, ne sont pas suffisamment maîtrisés. Il n'est pas stratégique de confondre « avantage qualifiant », qualité permettant de se présenter sur un marché, et « avantage gagnant », capacité à emporter une commande. L'industriel gagne en présentant au cas par cas différents avantages concurrentiels (prix, personnalisation, respect du délai…). En matière de délai de livraison, « on a tendance à se caler sur le client le plus exigeant », constate Jean-Marie Bomy.
Évaluer le coût financierL'industriel a-t-il par exemple besoin de livrer tous ses clients dans les 24 heures ? Il convient de distinguer des couples produit/client pour lesquels « l'avantage gagnant » de l'entreprise n'est pas le même : livrer vite (ce qui nécessite de stocker en fonc-tion du délai de production) ou s'adapter à des variations de volume (ce qui nécessite d'évaluer la dispersion de la demande). Or, il se souvient d'un fabricant de yaourts dont le tiers de la production était livré dans un entrepôt et ne nécessitait pas de livraison en A pour B. Les erreurs d'évaluation conduisent à surestimer les « tailles de lot », qui sont les quantités d'approvisionnement du stock. Aussi, les « seuils d'approvisionnement » se déclenchent-ils trop vite.
À l'inverse, les industriels peuvent sous-estimer le montant de leur immobilisation. Jean-Marie Bomy aime la notion anglo-saxonne du « coût d'opportunité » pour évaluer le coût financier. Il s'agit de calculer combien rapporterait le montant correspondant à la valeur du stock s'il était investi dans un équipement de production. Cela donne facilement 25 %. Enfin, trop de décideurs ne considèrent pas le « taux de possession » du stock, qui est le rapport entre le coût du stockage et la valeur moyenne du stock pendant une période de référence. C'est, selon lui, une donnée clé pour optimiser les stocks.