Covid-19
[Covid-19] Comment les industries alimentaires ont traversé 2020
Plutôt résistante aux tempêtes, l’industrie agroalimentaire le démontre de nouveau pendant la crise de la Covid-19. Mais cette résilience tiendra-t-elle longtemps les surcoûts, les débouchés fermés… ? Des craquellements se font déjà sentir.
Plutôt résistante aux tempêtes, l’industrie agroalimentaire le démontre de nouveau pendant la crise de la Covid-19. Mais cette résilience tiendra-t-elle longtemps les surcoûts, les débouchés fermés… ? Des craquellements se font déjà sentir.
L’année 2020 restera dans les annales des prévisionnistes de tout bord. Qui aurait pu prévoir une telle onde de choc ? Dès mars, les industriels de l’agroalimentaire ont été mis sur le devant de la scène. Il fallait nourrir la population française confinée. Les industriels des pâtes, du lait, de la farine, de la boulangerie, des œufs, du beurre… ont dû augmenter leur production pour faire face. Ce temps du confinement passé, les comportements de consommation sont redevenus plus normaux et les activités ont repris davantage une allure habituelle. Enfin presque !
Plusieurs anomalies persistent. Les surcoûts de tous types perdurent pour beaucoup. « Les hausses de prix de matières premières, transport, maintenance ou équipement de protection des salariés, augmentent les coûts de production en moyenne de 9 % depuis le début de la crise », indiquait le troisième baromètre de l’Ania réalisé en mai dernier. La perspective de la réouverture au 20 janvier (au mieux) d’un débouché important qu’est la restauration hors domicile paraît lointaine pour bon nombre d’entreprises.
Non, le secteur agroalimentaire n’en a pas profité
Le premier confinement avait engendré une chute globale de 22 % du chiffre d’affaires des industries agroalimentaires, selon le baromètre de l’Ania, contrairement à l’idée parfois perçue par le grand public que le secteur agroalimentaire en a profité.
Nos entreprises affichent déjà des pertes de chiffre d’affaires qui peuvent aller jusqu’à 70 %
Le 25 novembre, la Fédération nationale des boissons, Brasseurs de France et toute la filière boisson sont montés au créneau pour alerter le gouvernement sur la situation catastrophique des entreprises. « Nos clients et nos entreprises dites “dépendantes” affichent déjà des pertes de chiffre d’affaires qui peuvent aller jusqu’à 70 % en 2020. Quelle entreprise peut survivre à une telle baisse ? Nous n’avons que le droit de nous user pour obtenir des aides qui, contrairement aux annonces gouvernementales, ne nous sont pas accessibles. Les décrets fourmillent de critères qui ne semblent viser qu’un seul objectif : exclure nos entreprises », s’inquiète Brasseurs de France. En 2020, le chiffre d’affaires de la filière aura chuté de 10 % d’après les estimations de Xerfi. Cela représente une perte de 3 milliards d’euros pour les industriels implantés en France.
La Coopération agricole, inquiète d’une baisse de tarifs à venir
Même son de cloche au sein de La Coopération agricole qui, consciente de l’intérêt de cette fermeture dans la lutte contre l’épidémie, estime que « cela touche gravement les industries alimentaires, déjà en grande difficulté ». La Coopération agricole anticipe aussi que « la reprise d’activité s’annonce particulièrement difficile ». « Les difficultés économiques auxquelles font face tous les acteurs de ces marchés risquent d’entraîner : une baisse importante de l’approvisionnement en produits français (qualitatifs mais plus coûteux) ; la demande, par les clients des coopératives, d’une importante baisse des tarifs », indique-t-elle dans un communiqué, faisant suite aux dernières annonces présidentielles. Elle salue l’abaissement du seuil d’éligibilité aux exonérations de cotisations sociales de 80 à 50 % de perte de chiffre d’affaires pour les fournisseurs concernés. L’Ania avait également formulé ce souhait.
Les coopératives agricoles et agroalimentaires sortent fragilisées de cette période
« Ce n’est pas suffisant. Il y a urgence ! déclare Dominique Chargé, président de La Coopération agricole. Les coopératives agricoles et agroalimentaires sortent fragilisées de cette période qui les prive d’importants débouchés, notamment ceux de la RHD. »
Entre force et fragilité
Des signes de rupture se font déjà sentir dans certaines entreprises. Les annonces de suppression de postes de Sodexo, Danone, Mars, Coca-Cola ou encore Axéréal ont été particulièrement marquantes. Sur le Min de Rungis, son président, Stéphane Layani, indiquait jeudi 26 novembre, des difficultés économiques pour 200 entreprises du marché. Parallèlement, des entreprises ont aussi continué à investir et à embaucher durant cette période complexe. Herta, Refresco ont annoncé d'importants investissements en France. Côté emploi, l’agroalimentaire recrute aussi. « L’agroalimentaire fait partie des secteurs qui a recruté pendant et après le confinement, confirme Loïc Douyère, codirigeant du cabinet de recrutement Florian Mantione Institut, pour Cadre Emploi. Depuis, cela ne ralentit pas. On assiste même, personne ne s’en plaint, à une sorte de rattrapage des embauches qui avaient été gelées du fait des incertitudes liées à la Covid 19 ». Nos témoignages d’entreprises vont plutôt dans le sens d’une forte résilience et d’une adaptation à cet environnement inédit.