Comment l’inflation se traduit sur les ventes de produits laitiers en Europe ?
Les consommateurs paient davantage pour acheter moins de produits laitiers, et ce, dans tous les pays d’Europe. C’est le Royaume-Uni le plus touché.
Les consommateurs paient davantage pour acheter moins de produits laitiers, et ce, dans tous les pays d’Europe. C’est le Royaume-Uni le plus touché.
En juin 2022, l’inflation était de 8,6 % dans la zone euro, un record depuis la création de la monnaie unique. Elle est principalement alimentée par la flambée des coûts de l’énergie et la hausse des prix alimentaires. Cette envolée a bien sûr des conséquences sur les comportements des consommateurs au rayon des produits laitiers. Alessandro Poli, directeur business insight à Iri, s’est attaché à présenter les tendances dans plusieurs pays du Vieux Continent au cours d’un webinaire organisé par le Clal, cabinet de consulting italien spécialiste du secteur laitier, le 28 juillet.
Recul des volumes sur tous les produits
Le marché européen des produits laitiers au détail pesait 68,1 milliards d’euros en 2021, rappelle Iri. C’est moins qu’en 2020, lorsque la consommation des ménages à domicile avait été tirée par les confinements, mais c’est 6,4 % de plus qu’en 2019. Au premier semestre 2022, le marché a progressé en valeur de 1,3 % par rapport à la même période de l’an dernier avec, notamment, de belles performances des matières grasses (+3,4 %) et du lait (+2,8 %), tandis que les yaourts ne progressaient que de 0,7 % et le fromage restait stable. « Mais les consommateurs ont dépensé davantage pour moins acheter en volume à cause de l’inflation », interpelle Alessandro Poli. En effet, lorsqu’on se penche sur les ventes en volume, tous les indicateurs sont au rouge, particulièrement sur les produits dont les prix ont le plus augmenté : le beurre et la crème qui affichent -7,9 %.
Les prix ont moins augmenté en France
L’Allemagne (19,3 milliards d’euros), la France (16,3), l’Italie (13), le Royaume-Uni (11) et l’Espagne (7,9) sont les principaux marchés européens pour les ventes de produits laitiers selon les données 2021 d’Iri. Dans ces cinq pays, les ventes ont reculé en volume au premier semestre 2022. L’Italie résiste le mieux (-3 %) et le Royaume-Uni affiche la pire performance (-8,4 %). Deux marchés parviennent encore à progresser en valeur, l’Allemagne (+4,4 %) et l’Espagne (+4,8 %).
Sur ces 5 pays, ce sont les prix du lait conditionné qui ont le plus augmenté, en moyenne de 8 % au premier semestre, une hausse qui va jusqu’à 11,1 % au Royaume-Uni, pays où l’inflation est la plus forte. Les volumes vendus baissent dans les cinq principaux marchés, mais il n’y a qu’en France où les ventes ont aussi baissé en valeur (-2,2 %), car c’est là que la hausse des prix a été la plus limitée (+2,9 %). C’est d’ailleurs dans notre pays que les prix ont aussi le moins augmenté pour l’ultrafrais (+2,4 %, contre +4,1 % en moyenne) et pour le fromage (+3 %, contre +4,1 % en Europe). Sur ces deux produits, le marché français perd du terrain en valeur, contrairement à l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie.
Comment les consommateurs vont-ils s’adapter ?
La hausse des prix des produits de grande consommation amène les consommateurs à revoir leurs pratiques. Ils limitent le gaspillage, n’achètent plus de quantités superflues, premiers leviers faciles à mettre en œuvre. « Ils descendent aussi en gamme, que ce soit via des produits moins onéreux ou en changeant de circuit de distribution », constate Alessandro Poli qui évoque aussi l’attrait des promotions et des comparaisons entre enseignes. « Plus l’inflation sera forte, plus ces stratégies seront déployées par les consommateurs. Pour les entreprises, la suite de 2022 s’annonce difficile à aborder, il faudra être flexible et naviguer à vue », conclut l’analyste.