Comment attirer les jeunes dans l'agroalimentaire
Dans le prolongement du Contrat de la filière alimentaire, l'Ania, Coop de France et la Confédération générale de l'alimentation en détail (CGAD) ont signé, en mai dernier, un accord qui a pour ambition le recrutement de 100000 personnes en CDI entre 2014 et 2016, dont 50 % de moins de 30 ans, et la formation en alternance de ” 170 000 jeunes entre 2014 et 2017. La filière alimentaire (industries alimentaires, coopération et artisanat) a accueilli 47700 jeunes en alternance en 2014 et environ le même nombre en 2015, selon les premières estimations des observatoires du secteur alimentaire. Deux tiers de ces contrats sont de deux ans et 63 % d'entre eux visent un niveau de qualification V (CAP-BEP).
“ Les embauches restent liées à la réalité économique des entreprises
Concernant les CDI, la filière a recruté 30700 personnes en 2014, dont 58 % de moins de 30 ans et 31 000 personnes en 2015, dont 59 % de moins de 30 ans et 38 % de moins de 26 ans. Alors, le cap des 100000 CDI supplémentaires sera-t-il atteint en 2016 ? « C'est toujours notre ambition, mais difficile de se projeter, car les embauches restent liées à la réalité économique des entreprises », répond Jérôme Breysse, directeur des affaires sociales de l'Ania. « Notre secteur est dynamique, nous recréons de l'emploi depuis deux ans, avec 1900 emplois supplémentaires en 2014 et 4 300 en 2015 », complète-t-il.
31 % des recrutements sont difficilesD'après l'enquête Besoins de main-d'œuvre de Pôle Emploi, 53262 projets de recrutement ont été annoncés par les industries agroalimentaires pour cette année, dont 50,8 % de saisonniers. Les demandes les plus fortes sont localisées en Bretagne, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et Auvergne-Rhône-Alpes. À l'échelle nationale, 31,3 % des projets de recrutement dans l'agroalimentaire sont jugés difficiles pour 2016, contre 32,4 % tous secteurs confondus. Ce sont surtout la Corse, le Centre-Val de Loire et l'Île-de-France qui rapportent le plus grand nombre de difficultés à recruter dans l'industrie agroalimentaire, avec respectivement 56,6 %, 43,2 % et 42,7 % des offres. D'après une étude réalisée par l'Observatoire des métiers des industries alimentaires (Observia), près de quatre établissements recruteurs sur dix dans l'industrie ont rencontré des difficultés sur au moins un projet de recrutement l'année dernière. Les principales raisons évoquées sont l'inadaptation des compétences par rapport au profil recherché, le manque de candidats sur le territoire et le manque de motivation des candidats. La mauvaise image du métier ou du secteur est avancée pour 8 % des recrutements difficiles. L'observatoire a d'ailleurs conduit une étude en 2009 sur la perception des métiers des industries alimen-taires par les jeunes de la sixième à la terminale. Elle identifiait que 70 % des collégiens et lycéens n'envisageaient pas de travailler dans les IAA. Parmi les points faibles : la méconnaissance de ce secteur et la mauvaise image des conditions de travail et du niveau de rémunération.
Le secteur sur les salons étudiantsPour renforcer l'attractivité et la connaissance de ces métiers, l'Ania a accentué sa communication auprès des jeunes. « Nous encou-rageons les visites d'entreprises. Dans le cadre de la Semaine de l'industrie (14 au 20 mars), environ 200 opérations d'ouverture ont eu lieu, ce qui fait des IAA l'un des secteurs les plus actifs », signale Jérôme Breysse. « Nous organisons également des visites de sites industriels avec l'Associa-tion de la visite d'entreprise ». Pour attirer les étudiants, l'agroalimentaire s'expose aussi sur les salons et les forums. « Nous travaillons par exemple avec l'association Aux goûts du jour, qui informe les jeunes sur les métiers du secteur », indique-t-il. Enfin, l'Ania mise sur le site Alimétiers, créé par la filière alimentaire fin 2013. « Nous sommes d'ailleurs en train de travailler pour le moderniser », précise Jérôme Breysse. Alimétiers condense des informations sur les différents métiers de l'agroalimentaire et les formations qui y mènent. Il propose un espace dédié aux offres d'emploi, dont la mise en ligne est gratuite pour les entreprises. Alice Flores