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[CFIA 2019] L’industrie agroalimentaire est prête à investir
Investir dans l’outil de transformation apparaît nécessaire dans tous les secteurs de l’alimentaire. Les profils de risque sont globalement satisfaisants, observe le Crédit agricole dans une récente étude.
Investir dans l’outil de transformation apparaît nécessaire dans tous les secteurs de l’alimentaire. Les profils de risque sont globalement satisfaisants, observe le Crédit agricole dans une récente étude.
L’heure est à la reprise des investissements, selon l’enquête de l’Insee auprès des chefs d’industrie. Dans l’agroalimentaire, les réalisations ont moins reculé que prévu l’an dernier, et les prévisions de janvier 2019 sont à la hausse de 6 % en valeur. Ceci en dépit de la « destruction de valeur » de 2018 déplorée par l’Association nationale des industries alimentaires (Ania). Les industriels pourront-ils investir assez pour améliorer leurs outils et innover ? Quelques indicateurs de leur état financier figurent dans la dernière synthèse de l’observatoire financier des entreprises agroalimentaires du Crédit agricole.
Vieillissement des outils
Il apparaît dans cette synthèse que les industries agroalimentaires (IAA), dans leur ensemble, n’investissent pas assez pour stabiliser le vieillissement des outils. Les experts de la banque ont analysé les bilans de 2017 (jusqu’en mars 2018), en particulier dans trois secteurs : lait, viandes et produits élaborés. Pour une majorité d’entreprises, le « vieillissement » de l’outil industriel, évalué à travers le taux d’amortissement, a augmenté en 2017. L’observatoire constate une corrélation entre la rentabilité et le vieillissement des outils ; mais souligne que les leaders parviennent à maintenir leurs investissements même quand leur rentabilité se dégrade (la rentabilité est mesurée par le rapport entre l’Ebitda et le chiffre d’affaires).
Faible risque financier pour la moitié des IAA
Il apparaît que 23 % des IAA affichent un taux d’amortissement élevé (supérieur à 80 %). La dégradation a été particulièrement marquée en 2017 dans les viandes et les fruits et légumes transformés, « deux secteurs touchés par des difficultés à disposer des marges de manœuvre financières pour investir, en raison de la pression sur les prix », est-il précisé. Tous secteurs confondus, le Crédit agricole décèle 9 % d’entreprises ayant un « profil de risque fort », c’est-à-dire qu’elles pourraient être en défaut de paiement dans les 12 mois. La moitié des entreprises (49 %) ont un profil de risque financier faible et n’auront aucun souci de financement. Enfin, les autres (42 %) sont classées en risque moyen.
Ces proportions varient peu d’une année sur l’autre. L’étude distingue différents secteurs des viandes : l’abattage, la découpe, la charcuterie-salaison et la volaille. Le taux de vieillissement de l’outil dans ces secteurs est assez homogène selon ces métiers autour de 64 % en 2017. Ce taux caractérise, selon les experts, un « outil industriel en relativement bon état ». Les experts pointent néanmoins un manque de rationalisation et d’automatisation. Il s’agit donc d’investir dans ces améliorations, mais les capacités de remboursements sont estimées limitées dans le secteur.
« Une certaine résilience structurelle » dans les viandes
L’endettement, rapporté aux fonds propres, est jugé faible dans les viandes, ce qui est expliqué majoritairement par une faible rentabilité. Si la proportion d’entreprises en risque fort est restée de 14 % en 2017 dans le secteur des viandes, 4 % d’entre elles sont passées du risque faible au risque moyen. Il reste tout de même une proportion considérable d’entreprises des viandes en risque faible : 55 %, ce qui témoigne « d’une certaine résilience structurelle », selon l’analyse. La filière volailles est à part : 43 % d’entreprises avec un profil de risque fort et seulement 33 % d’entreprises en risque faible – ce qui est le cas du leader LDC.
Moins d’investissement pour les produits laitiers de grande consommation
Dans le secteur laitier, la guerre des prix en France a même affecté la rentabilité des grands groupes internationalisés. L’année 2017 a marqué une nouvelle diminution des investissements. Le fait est notable pour les produits laitiers de grande consommation, avec un taux moyen d’amortissement de 75 %. Néanmoins les profils de risques sont favorables dans l’ensemble du secteur.
Les industriels du snacking et des plats cuisinés, enfin, « gardent une capacité d'investissement remarquable », dit la synthèse du Crédit agricole. Elles investissent considérablement et doivent continuer d’investir pour continuer d’innover et s’adapter aux marchés.
Comment percevez-vous la propension des IAA à investir cette année ? A cette question, Sébastien Gillet, directeur du CFIA, répondait avant le salon « l’agroalimentaire, comme d’autres industries, a besoin de pédagogie avant tout pour investir dans certains nouveaux équipements. Les entreprises ont notamment besoin d’intégrer qu’un robot ne remplace pas un homme, qu’il est surtout là pour éviter des tâches pénibles. Mais les IAA continuent de se moderniser. Il y a des sujets sensibles comme la traçabilité, la nécessité de rassurer le consommateur, l’écologie qui forcent l’investissement ».