Céréales
Blé dur : de la relance au rebond
En 2015, pour enrayer la chute des surfaces consacrées au blé dur, dans l’Hexagone, la filière présentait un plan de relance de cette culture. En 2018, une brutale dégradation intervient de nouveau. Plus question de relance, mais de rebond.
En 2015, pour enrayer la chute des surfaces consacrées au blé dur, dans l’Hexagone, la filière présentait un plan de relance de cette culture. En 2018, une brutale dégradation intervient de nouveau. Plus question de relance, mais de rebond.

Entre 2010 et 2015, les surfaces consacrées à la culture du blé dur en France tombaient de 500 000 à 320 000 hectares. Face à cette chute, la filière blé dur décidait la mise en place d’un « plan de relance » ambitieux, allant de la génétique à la consommation, avec pour objectif déclaré une production annuelle de 3 à 3,5 millions de tonnes contre une moyenne, alors, de l’ordre de 1,8 million de tonnes. Bien que les moyens de relance n’aient pas tous eu le temps de se mettre en place, la superficie de blé dur remontait à 400 000 hectares en 2016. Mais douche froide en 2018 avec une diminution des surfaces estimée à 25 % et affectant tous les bassins de production, des régions traditionnelles du Sud-Est au Centre, qui produisent aujourd’hui 25 % du blé dur français.
Les causes de la crise
C’est dans le Centre justement qu’Arvalis-Institut du végétal a choisi d’organiser sa 21e journée nationale du blé dur, à Tours le 5 février. Cette fois, si les buts fondamentaux de la relance demeurent, c’est l’urgence qui prévaut et le thème de la journée s’intitulait : « 2019, l’année du rebond pour le blé dur français » – sans point d’interrogation –, belle preuve de confiance. La chute des surfaces en 2018 s’est produite à partir de deux facteurs principaux : l’un, accidentel, les conditions climatiques de l’automne dernier qui ont bousculé le calendrier des semis ; l’autre, d’origine économique, un marché dépressif et des prix bas (à peine supérieur à ceux du blé tendre actuellement alors que l’écart incitatif est estimé à 80/100 € la tonne), dû à la pression de stocks mondiaux pléthoriques, mais dont on peut penser qu’ils dégonfleront si la production 2019-2020 recule du fait des moindres surfaces.
De bonnes raisons de relance
En France, la démarche est justifiée, même si elle doit prendre du temps. Elle s’insère dans le plan de transformation céréalière prévu par les états généraux de l’alimentation et reste une affaire de solidarité entre partenaires de la filière. Elle s’appuie sur de solides arguments dont le potentiel de débouché, pour la matière première de qualité, le blé dur français pour les pâtes alimentaires qui en sont issues et dont les grandes marques organisent l’identification. Les transformateurs français sont très attachés à l’utilisation de la récolte nationale et à son extension, tant pour les utilisations intérieures que pour l’exportation (plus de 50 % du blé dur produit dans l’Hexagone sont exportés, la France en étant le premier exportateur de l’UE). Cette industrie, avec ses cinq semouleries et une dizaine de fabricants de pâtes, est étroitement solidaire des producteurs.
5 000 ha de blé dur bio
Le rebond de la culture de blé dur et le développement des produits transformés ne sauraient se concevoir sans tenir compte des aspirations du consommateur français. S’il aime les pâtes (8,1 kg consommés par habitant et par an), il est à la recherche du sain et du naturel. La culture de blé bio s’imposera donc de plus en plus ; elle ne concerne aujourd’hui que 5 000 hectares. Son développement exigera des investissements techniques, environnementaux et surtout des coûts de production élevés difficiles à amortir dans un marché en crise.