Banane bio importée : « une forme de concurrence déloyale »

Les Marchés Hebdo : Au Salon international de l’agriculture, vous avez mené une communication polémique (et condamnée par le TGI de Paris) qui pointait du doigt la banane bio. Que lui reprochez-vous ?
Philippe Ruelle : Alors que la réglementation autour de l’agriculture biologique est en train d’être révisée au niveau européen, nous souhaitons que le bio produit dans les pays hors UE et commercialisé avec le label Bio européen soit soumis aux mêmes cahiers des charges que le bio produit dans l’UE. Aujourd’hui, le système d’équivalence fait que des bananes produites en République dominicaine par exemple vont porter le label Bio européen alors qu’elles ont pu recevoir des traitements aériens, interdits dans le conventionnel français. Il y a une forme de concurrence déloyale, car la banane bio se vend plus cher que la banane française alors que dans la réalité, les pratiques ne sont pas toujours plus durables.
LMH : La banane des Antilles a été confrontée au scandale du chlordécone. Où en êtes-vous dans l’amélioration de vos pratiques ?
P. R. : La mise en place du plan banane durable a abouti à la réduction de 75 % des produits phytosanitaires chimiques utilisés depuis 1996 et de 61 % depuis 2006. Nous avons complètement changé la façon de produire de la banane, avec l’aide du Cirad et la création d’un institut technique. Nous sommes dans une dynamique vertueuse au niveau environnemental et social.