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Avis de tempête sur le syndicalisme agricole

La «petite tempête judiciaire» que nous évoquions la semaine dernière à propos du syndicalisme agricole est en train de tourner à l’ouragan. Après avoir mis en examen le 22 janvier l’ancien directeur général de la FNSEA Yves Salmon, le juge Henri Pons a placé hier en garde à vue son ancien président (de 1992 à 2001), Luc Guyau, dans le cadre de son enquête sur l’utilisation d’une partie des fonds collectés par Unigrains entre 1995 et 1997.

Une nouvelle étape dans une enquête dont tout porte à croire qu’elle pourrait toucher rapidement d’autres responsables agricoles de l’époque. Ce qui ne manquerait pas de donner un tour plus politique à cette affaire. Rappelons que Luc Guyau, actuellement président de l’assemblée permanente des Chambres d’agriculture (APCA) avait annoncé son intention de se présenter aux prochaines élections européennes et que Joseph Daul, qui pourrait être prochainement entendu par le juge Henri Pons en tant qu’ancien président de la Fédération nationale bovine est lui-même élu du Parlement européen à Strasbourg.

« Solidarité des céréaliers pour les éleveurs»

La justice, saisie d’une plainte déposée en 2000 par l’Organisation des producteurs de grains, soupçonne la FNSEA et plusieurs de ses associations spécialisées d’avoir bénéficié indûment entre 1995 et 1997 de ressources collectées auprès des agriculteurs par Unigrains. Les milieux proches de l’enquête citaient la semaine dernière, le chiffre de 3 millions d’euros qui auraient ainsi été affectés à des organisations d’éleveurs. Le rapport de la Cour des comptes de 1998 citait notamment la Confédération nationale de l’élevage et la Confédération française de l’aviculture. Depuis une semaine, la FNSEA et ses associations spécialisées ont d’ores et déjà élaboré une défense qui tient en deux arguments. Le premier, c’est que ces fonds visaient à aider le mondede l’élevage, au titre de la solidarité des céréaliers envers eux. Dans une récente intervention, Jean-Michel Lemétayer justifiait ainsi qu’une partie des fonds soit allée aux organisations d’éleveurs, toutes proches de la FNSEA.

« Ce soutien a permis aux organisations représentatives des éleveurs de se structurer et ainsi de participer à part entière aux organismes de gestion des marchés, aux instances européennes et internationales», a-t-il expliqué dans une interview diffusée auprès de la presse agricole. « Elles ont pu ainsi accéder de plain-pied aux actions menées par le syndicalisme à vocation générale. C’est un des aspects importants de la solidarité paysanne que de permettre aux différentes familles de producteurs (...) de pouvoir exister pleinement.» Un argument qui risque d’être un peu court pour justifier qu’une partie de ces fonds ait permis à l’une de ces associations de payer sa cotisation annuelle ... à la FNSEA.

Le second argument est plus convaincant. Le «syndicalisme majoritaire» a fait dès le début remarquer que toutes ces décisions avaient été avalisées par les ministères de l’agriculture et de l’économie représentés dans les comités de gestion des fonds issus des taxes parafiscales.

Dans un courrier adressé le 30 janvier aux présidents de FDSEA, Jean-Michel Lemétayer expliquait que ces actions ont été faites « dans la plus parfaite transparence, avec systématiquement l’accord de tous les ministres de tutelle et parfois d’ailleurs à la demande de ces derniers». Les dits ministres de tutelle ne se précipitent pas aujourd’hui pour évoquer le sujet.

Jean Glavany, occupé par le projet de loi sur la laïcité débattu à l’Assemblée n’a pas donné suite à nos demandes d’entretiens. Quant à François Guillaume, ancien président de la FNSEA et ancien ministre de l’agriculture, il nous a fait savoir qu’il ne souhaitait pas s’exprimer à ce sujet.

 

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