Autocontrôle : « Il y a un risque de dérive »
Les Marchés Hebdo : Conséquence de l’affaire Lactalis, les règles des autocontrôles doivent-elles être modifiées ?
Myriam Prigent : Depuis 1993, la réglementation a rendu responsable les professionnels de ce qu’ils mettaient sur le marché, c’est ce que l’on appelle les autocontrôles. Depuis, l’État vérifie comment les entreprises se comportent. Mais les services d’inspection ont été amaigris. Les fréquences d’inspection ont chuté. Avant, nous intervenions au fil de l’eau. Désormais, nous avons un panier d’entreprises à vérifier. En fonction du temps et de la filière d’activités, certaines sont moins contrôlées que d’autres. Nous faisons davantage les pompiers que des actes préventifs.
LMH : Si la transmission des autocontrôles aux pouvoirs publics était rendue obligatoire quel que soit le cas, auriez-vous les moyens humains nécessaires ?
M. P. : Nous ne pourrons pas gérer au niveau humain. La DGAL a réfléchi à une solution : diminuer la fréquence des contrôles pour les entreprises qui sont certifiées, considérant que les organismes certificateurs pouvaient aussi regarder le volet sanitaire. À partir de 2018, il devrait y avoir des tests pour envoyer en duo un agent des services de l’État et une personne d’une entreprise de certification, et voir si cela fonctionne. Cela nous fait très peur. Il y a un risque de dérive. Si l’État veut renforcer les contrôles, il faut les effectifs qui vont avec.