Attention, Amazon arrive !
L'ombre du géant américain de l'e-commerce se fait plus menaçante sur l'Hexagone. Amazon sévit déjà dangereusement sur le secteur de la culture (les libraires indépendants peinent à survivre). Il débarque désormais sur la jardinerie, et sa filiale Amazon Fresh, dédiée aux produits alimentaires, est annoncée pour septembre en Allemagne, et d'ici à la fin de l'année en France. « Jusqu'où ira Amazon ? », titre le magazine LSA du 3 juillet qui lui consacre une enquête. À sa lecture, on reconnaît des pratiques similaires à la grande distribution française, mais Michel-Édouard Leclerc paraît presque un enfant de cœur à côté de Jeff Bezos, le patron d'Amazon, dont l'obsession de croissance semble inépuisable. Avec ses fournisseurs, l'Américain sait d'abord se montrer conciliant puis intransigeant. Les fournisseurs récalcitrants, comme le puissant groupe Hachette, en paient le prix fort. Délais de livraisons rallongés, produits devenus peu accessibles, fournitures auprès de grossistes ou de filiales étrangères : les techniques d'intimidation sont infinies. En coulisses, le modèle social prête à polémique. Les kilomètres parcourus dans les entrepôts géants par les salariés rappellent amèrement « les Temps modernes ». Pourtant les Français plébiscitent Amazon, pour ses prix, son service de livraison, le choix des produits. Le Parlement vient de voter un texte « anti-Amazon » pour tenter de sauver ce qu'il reste du réseau de libraires… Si l'État doit lutter contre la vente à perte, il aura toutefois du mal à canaliser l'appétit de l'ogre. Et son arrivée sur l'alimentaire n'est qu'une question de temps. Alors que faire ? Informer le consommateur, se déclarant de plus en plus responsable, sur les dangers de ce type de commerce (les médias alertent déjà sur ceux de booking.com dans l'hôtellerie). Pas la peine de faire l'autruche, il faut aussi d'ores et déjà organiser la riposte. Le renforcement du commerce en centre-ville, le retour du conseil, le lien avec le tissu économique local font partie des pistes à renforcer. La livraison à domicile et plus généralement la logistique sont aussi à optimiser d'urgence.