Amazon bouscule la donne
Le rachat de l’enseigne bio Whole Foods par Amazon le 16 juin secoue la filière agroalimentaire américaine. Une transaction à pas moins de 13,7 milliards de dollars, la plus grosse jamais réalisée par le groupe de Jeff Bezos. Jusque-là, Amazon n’était présent dans l’agroalimentaire aux États-Unis que sur la livraison de produits alimentaires frais, via AmazonFresh, dans quelques villes seulement dont Seattle et teste depuis peu Amazon Go, un concept de magasin physique sans caissiers, toujours à Seattle. En saisissant l’opportunité d’acquérir la chaîne de magasins bios haut de gamme Whole Foods, qui compte 460 points de vente aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni, le géant du commerce en ligne sort de son statut pure player. Certains experts de la distribution estiment qu’il devrait utiliser ces points de vente comme plateforme de distribution pour déployer sa vente de produits frais en ligne, avec des prix significativement bas. Comme un E.Leclerc en France, Amazon s’évertuerait à démocratiser le bio, de surcroît en le livrant gratuitement à domicile. Jeff Bezos devrait aviver la guerre des prix, qui va bientôt s’observer aux États-Unis avec l’arrivée des discounters Lidl et Aldi. Une situation qu’avaient fuie les quelques entreprises françaises ayant implanté une filiale aux États-Unis et qu’elles risquent malheureusement de retrouver de l’autre côté de l’Atlantique. Sans compter que ces opérateurs devraient aussi croiser Amazon sur leur chemin dans l’Hexagone. Pour l’heure, le leader du commerce en ligne fait encore peu d’ombre à la grande distribution française, le consommateur d’ici plébiscitant le drive et faisant confiance aux enseignes traditionnelles. C’est la raison pour laquelle Amazon chercherait à s’allier à des groupes de supermarchés, souligne un article des Échos, se demandant si Système U ou Auchan finiront par céder. Une menace pour la marge des industriels de l’agroalimentaire en général et de certains secteurs, comme le bio en particulier.