Allemagne : Les étables entravées sous le feu des critiques
Les éleveurs prennent conscience qu’il leur faudra adapter leurs bâtiments à une demande sociétale de plus en plus pressante.

Le débat sur le bien-être animal en Allemagne est attisé depuis plus de cinq ans par les associations de défense de la cause animale. Il concerne au premier chef les ateliers de porc et de volaille, mais les étables sont de plus en plus fréquemment montrées du doigt, surtout si les vaches restent toute l’année en bâtiment en système entravé. C’est encore le cas de 20 % des ateliers allemands. La Bavière est aux premières loges avec un taux de 50 % ou encore 27 % des vaches du land.
« Tout au début, la demande de faire disparaître l’entravé provenait des hommes politiques. Aujourd’hui, elle émane de la grande distribution mise sous pression par les associations de défense de cause animale », signale Hans-Jürgen Seufferlein, directeur de la Fédération des producteurs de lait bavarois. La virulence de la demande formulée début 2016 a étonné la profession. Elle a dû expliquer que pareille exigence menaçait l’existence de ces petits élevages. « Il faudra s’adapter en donnant plus d’espace aux vaches, aménager des aires d’exercice. Si le prix du lait était en adéquation avec les coûts de production, ce serait plus facile. Le consommateur dit qu’il est prêt à payer plus pour de tels engagements, mais il l’oublie aussitôt qu’il choisit un produit laitier en rayon », analyse Hans-Jürgen Seufferlein.
L’INITIATIVE DU DTB : UN LABEL BIEN-ÊTRE
Une des associations de défense de la cause animale, le DTB (Deutscher Tierschutzbund), a créé fin 2016 son propre label bien-être pour les vaches. Son cahier des charges limite la taille des troupeaux à 300 ou 600 UGB selon le niveau d’engagement souhaité par l’éleveur. Il interdit l’abattage d’une vache gestante et la stabulation entravée. Il réclame à l’inverse des logettes « confortables », autant de places à l’auge que de vaches dans le troupeau, un box d’infirmerie et un autre de vêlage, la pratique de l’anesthésie lors de l’écornage des veaux.
DES POINTS POSITIFS, MAIS AUSSI DES INCOHÉRENCES
L’élevage aura accès à un niveau premium du label s’il donne accès à une aire d’exercice et au pâturage. Parmi les critères pour évaluer le bien-être des animaux, le DTB se basera sur la fréquence des mammites et le comportement des vaches. Si la profession reconnaît la nécessité d’évoluer vers plus de bien-être, elle pointe certaines incohérences des demandes du DTB. Le lait bénéficiant du label attribué par le DTB devait se retrouver en rayon début 2017 à un prix plus élevé qu’un conventionnel. Une partie du prix payé irait dans la caisse du DTB. Fin 2016, moins de cent ateliers dans tout le pays étaient candidats à un tel label. Pour l’heure, environ 150 ateliers collectés par les laiteries Gropper&Bechtel et Naabtaler Milchwerke sont candidats. Du reste, une bonne quinzaine de laiteries à travers le pays, à l’instar de DMK, Ammerland ou Arla, encouragent leurs livreurs à faire pâturer leurs vaches afin d’avoir à leur catalogue une offre « lait de pâturage ».
UNE PRIME AU « SANS OGM »
Cette démarche volontaire est née de l’identification par les entreprises d’une niche de marché. Elle a pour elle de faire la synthèse entre chiffre d’affaires, bien-être animal, et amélioration de l’image des éleveurs. Toujours à la demande de la distribution, les laiteries ont mis en place une filière non OGM dans le Sud de l’Allemagne. Elle est soutenue par un programme de production de soja le long du Danube. Actuellement, 31 % du lait bavarois est garanti sans OGM. Il bénéficie d’une prime de 7 à 8 €/1 000 l qui couvre tout juste les frais de production supplémentaires. Cette demande s’essouffle toutefois un peu au bénéfice du produit « local ».
UN LABEL « BIEN-ÊTRE » POUR LES PRODUITS ANIMAUX EN 2018
Le ministère allemand de l’Agriculture peaufine la mise au point d’un label « Mehr Tierwohl », traduisez « Plus de bienêtre animal », que les industriels pourront librement apposer sur l’emballage de viande de volaille, porcine et bovine, voire les produits laitiers. Le projet a été présenté par le ministre Christian Schmidt à la Semaine verte de Berlin, à la mi-janvier 2017. Le cahier des charges est attendu au mieux en avril 2017 et l’apparition du signe de reconnaissance sur les étiquettes pas avant 2018. Selon le ministère, au moins 20 % des produits de ces différents segments devraient l’arborer. Une campagne de communication bénéficiant d’une enveloppe de 70 M€ est destinée à le promouvoir auprès du grand public.