[Edito] Alléger durablement son empreinte
Cette année, le jour du dépassement de la Terre, qui marque le jour où l’humanité a consommé toutes les ressources que les écosystèmes peuvent produire en une année, devrait tomber le 22 août, soit trois semaines plus tard qu’en 2019, selon le Global Footprint Network, un institut de recherches international établi en Californie. Un renversement historique dû aux mesures de confinement mises en place dans le monde. Des calculs incertains selon l’Institut. Mais incontestablement, notre empreinte écologique a diminué durant plusieurs mois. Au premier trimestre, les émissions mondiales de CO2 ont reculé de 5 % par rapport à 2019, selon l’Agence internationale de l’énergie. Du fait essentiellement de la baisse de consommation du pétrole et du charbon, très utilisés en Chine. L’arrêt des activités en Europe a aussi eu des effets très visibles – on pense aux eaux redevenues limpides à Venise par exemple –, mais aussi des effets moins visibles comme la réduction nette du dioxyde de carbone dans l’air (-49 %, selon l’Institut français de l’environnement industriel et des risques). Oui, mais voilà, cette réduction de l’empreinte écologique est imposée et non voulue. Comme elle ne s’accompagne pas d’un changement systémique dans nos modes de production et de consommation, « elle ne va pas durer », selon le président du Global Footprint Network, interrogé par Le Monde. Et si cette crise déclenchait une prise de conscience collective afin de s’engager davantage dans une économie plus responsable, plus durable ? Avant le Covid-19, selon une récente étude du Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc), plus de la moitié des consommateurs européens se disaient prêts à changer leurs habitudes en faveur d’une alimentation plus durable, freinés toutefois dans cette démarche par le prix des produits et un choix limité. La crise du pouvoir d’achat qui s’annonce ne doit pas faire baisser la garde sur le développement durable. La tendance vers une alimentation durable est en marche, l’ensemble de la filière doit le garder en tête au moment où elle est amenée à revoir une partie de son mode de fonctionnement, logistique notamment.