Aliments transformés : des scientifiques réclament une nouvelle classification
Des chercheurs d’Inrae, de l’Inserm, de Bordeaux Sciences Agro, VAB-Nutrition et MS-Nutrition se sont intéressés aux systèmes de classement des aliments selon leur degré de transformation. Ils sont arrivés à la conclusion que le système, Nova, utilisé actuellement en France n’est pas fiable.
Des chercheurs d’Inrae, de l’Inserm, de Bordeaux Sciences Agro, VAB-Nutrition et MS-Nutrition se sont intéressés aux systèmes de classement des aliments selon leur degré de transformation. Ils sont arrivés à la conclusion que le système, Nova, utilisé actuellement en France n’est pas fiable.
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Selon l’Anses, la part des aliments industriels dans les régimes alimentaires représente aujourd’hui plus de 50 % en masse des régimes alimentaires des adultes français. Ces dernières décennies, la part des aliments « ultra-transformés » a augmenté dans les régimes alimentaires car ils répondent aux attentes et modes de vie contemporains. La part de ces aliments représente 30 % en moyenne des apports caloriques quotidiens en France et peut monter jusqu’à 60 % dans certains pays occidentaux comme le Royaume-Uni ou les Etats-Unis.
Nova, un système peu fiable
En France, c’est le système Nova qui sert à classifier les aliments. Il les répartit en quatre groupes : les aliments considérés comme pas ou peu transformés (Nova 1), les ingrédients culinaires (Nova 2), les aliments considérés comme transformés (Nova 3) et ceux considérés comme « ultra-transformés » (Nova 4). La description des groupes se base sur le mode d’obtention des aliments, leur formulation via le nombre d’ingrédients, ainsi que l’origine et la fonction de ceux-ci. En observant ce système de classification Nova, également majoritairement utilisé dans le monde, les chercheurs de l’Inrae, l’Inserm, Bordeaux Sciences Agro, VAB-Nutrition et MS-Nutrition se sont aperçus qu’il présente des faiblesses et est peu fiable.
Définition imprécise
Pour illustrer leurs propos, les chercheurs prennent pour exemple la torréfaction du café et écrivent : « L’opposition entre procédé traditionnel et industriel est prise en compte, ce qui peut conduire à certaines incohérences de classement. La torréfaction du café est donnée comme exemple de procédé traditionnel pour les aliments peu ou pas transformés alors qu’elle utilise des températures élevées et génère de nombreux composés néoformés dont certains délétères pour la santé comme le furane ».
Il est nécessaire de développer un système de classification robuste
Alors que le gouvernement français a fixé un objectif de réduction de 20 % de la consommation d’aliments ultra-transformés (PNNS 2018-2022), selon les scientifiques, la définition même de ce groupe d’aliments reste imprécise, ce qui rend leur identification compliquée. Ils écrivent dans leur rapport publié dans les Cahiers de Nutrition et de Diététique de juin : « Il parait aujourd’hui nécessaire de développer un système de classification robuste, utilisable par tous et sans ambiguïté pour mieux étudier les liens entre la santé et la transformation des aliments, mieux définir les politiques publiques et mieux informer le consommateur ».
A l’issue de leurs travaux de recherches, les scientifiques arrivent à cette conclusion : « Ces résultats suggèrent qu’il est nécessaire de développer un système fiable basé sur un algorithme reproductible pour classer les aliments en fonction de leur degré de transformation ».