Alicaments, la suite
À quelques jours de la fermeture du Sial, durant lequel les experts de la consommation alimentaire ont réaffirmé la fin de l’ère des alicaments, Nestlé vient d’inaugurer son institut des sciences de la santé. Basé à Lausanne, ce site coûte la modique somme de 400 millions d’euros, emploie une centaine de scientifiques et est annoncé comme très stratégique pour le géant suisse. Y sera étudié à la loupe le lien entre l’alimentation et quelques maladies en fort développement dans le monde comme Alzheimer et le diabète. Les ambitions du groupe : mettre au point des aliments pouvant influencer ces maladies, les prévenir, ralentir leur transmission voire les guérir. Les « alicaments » ayant une mauvaise image auprès du consommateur, Nestlé préfère parler de « medical food ». Un peu comme les OGM ou les biocarburants, le groupe met en avant l’idée d’une « nouvelle génération » d’aliments santé. L’aire de jeu n’est pas celle du plaisir, encore moins celle de la gastronomie. L’agroalimentaire subissant une pression de plus en plus forte sur ses marges, le leader mondial entend faire émerger une nouvelle industrie, entre alimentation et pharmacie. Lors de l’inauguration, Paul Bulcke, administrateur délégué de Nestlé, a d’ailleurs décrit le groupe comme « la première entreprise mondiale de nutrition, de santé et de bien-être ». Nestlé tend à entourer ses produits de technologies et de services pour en accroître la valeur. Sa capacité d’investissement en recherche et développement lui donne une longueur d’avance sur la concurrence. Si le Suisse s’ouvre un marché de niche prometteur, il semble difficile d’imaginer un essor des aliments médicaux auprès du public (tout du moins en France). Pourquoi le consommateur, qui a rejeté les alicaments, accepterait-il cette deuxième génération ?