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Viande
[Graph] Porc : une nouvelle année remplie de défis

Tour d’horizon des différents défis relevés sur le marché du porc en France pour cette nouvelle année : coronavirus, faiblesse de la demande chinoise, PPA en Italie, hausse des coûts de l’aliment et déconsommation, décryptage dans cet article...

© Pixabay

Au-delà des nouvelles réglementations autour de la castration et de la loi Egalim, le contexte conjoncturel s’annonce peu porteur pour la filière porcine française. Si les cours restent figés depuis des semaines, la situation du marché demeure compliquée. Cette nouvelle année sera synonyme de nombreux défis à relever. Les nouvelles vagues de Covid perturbent la logistique et ont remis sur le devant de la scène le manque de main-d’œuvre, non seulement dans les abattoirs, mais aussi dans les élevages.

De mauvais augures sur le marché du grand export

Les perspectives sur le marché de l’export sont peu porteuses, notamment vers la Chine. « On s’attendait à une amélioration des commandes en octobre- novembre 2021 pour le Nouvel An chinois, mais il n’y a pas eu de redressement de la demande », explique Elisa Husson, ingénieure d'études économiques à l'Ifip, lors du webinaire Actu'Porc, le mardi 18 janvier. « Récemment, le cours du porc en Chine a baissé, ce qui est étonnant, car on devrait être à une période où la demande s’active avec le Nouvel An chinois », poursuit-elle.

Les prix en Chine sont disponibles dans votre rubrique "mes cotations"

Un signal qui augure peu de bonnes perspectives pour les exportateurs, d’autant plus que les Chinois ont annoncé élever les droits de douane à l’importation.

La PPA en Italie

Si l’Italie ne pèse pas lourd sur le marché mondial du porc, la présence de la PPA sur son territoire aura nul doute des conséquences importantes, avant tout sur le commerce italien, mais aussi sur le flux intra-européen. « La PPA en Italie pourra amener un changement de type de production ; la production de porcs lourds, plus coûteuse, pourrait bien ralentir du fait du marché déprimé », explique l’économiste. Par ailleurs, l’Italie est le premier importateur européen de produits porcins. Le pays importe d’importants volumes en provenance d’Espagne, d’Allemagne, des Pays-Bas du Danemark et de la France.

L’Italie présentera moins de besoins dans les prochains mois. De quoi affecter certaines entreprises françaises qui ont l’habitude d’exporter, notamment des pièces de viande fraîche (avec os). Toutefois, les répercussions ne devraient pas être aussi importantes que l’an dernier, quand la PPA s’est propagée outre-Rhin. L’Italie exporte un tiers de ses volumes vers les pays tiers. « Cela représente une certaine valeur, mais par rapport aux pays qui n’acceptent pas la régionalisation (Chine, Corée, Philippines, Japon), ces envois ne représentent que 44 000 tonnes sur un an, soit, selon nos estimations, 14 millions d’euros de perte mensuelle », estime Elisa Husson. Des chiffres qui sont toutefois à nuancer, car « on va sans doute assister à une redistribution des flux. »

Hausse du coût de l’aliment et baisse de la production à venir

Par ailleurs, les coûts de l’aliment restent à des sommets, avec notamment les prix élevés des céréales, oléoprotéagineux, mais aussi des acides aminés. « En décembre, le prix de l’aliment Ifip s’élevait à 300 euros la tonne, on va bientôt atteindre les records de 2012. Le prix de l’aliment devrait continuer d’augmenter au premier trimestre au vu des cours élevés des matières premières », analyse Mathilde Le Boulch, ingénieure d’étude à l’Ifip.

Compte tenu de la conjoncture compliquée, le cheptel porcin devrait se replier en France, comme dans plusieurs autres principaux pays producteurs européens. Toutefois, si on s’attend à un repli marqué en Allemagne et au Pays-Bas, l’Espagne devrait, elle, tendre à un ralentissement de la croissance. « En Allemagne, la situation s’équilibre un peu plus par rapport à l’an dernier, mais on assiste à une restructuration du marché allemand, en termes de relation au sein des différents acteurs de la filière porcine. La situation compliquée du marché allemand, donne le pouvoir aux abatteurs qui incitent les éleveurs à entrer dans un système de contractualisation. Ceux non engagés sont pénalisés au niveau du paiement des porcs », rapporte Elisa Husson.

Le déclin de la consommation se poursuit

L’érosion constante de la consommation intérieure de produits porcins préoccupe aussi la filière. « Cette année, la consommation de viande porcine devrait encore baisser de l’ordre de 2 %. Sur les cinq dernières années, la consommation a reculé d’environ 8 à 10 % », rappelle Paul Rouche, directeur de Culture Viande.

« Face à cette baisse globale de la consommation de viande et de charcuteries, il nous faudrait essayer de relancer la consommation à travers des campagnes de communication qui promeut l’origine France, mais cela nécessite des moyens importants », explique ce dernier.

Malgré tout, le marché du porc français est celui qui résiste actuellement le mieux à toutes ces perturbations, puisque le cours de Plérin se place en tête des autres cotations européennes. L’Hexagone a aussi réussi à conclure un accord avec la Chine pour préserver ses exportations.

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