Pomme de terre industrie : dégringolade des prix orchestrée par l’aval
Les prix des pommes de terre industriels ont fortement baissé depuis mi-février. En cause, le retrait soudain des industriels belges des achats. Le marché de la conservation n’absorbe pas les surplus. C’est le scenario catastrophe que redoutait la filière française.
Les prix des pommes de terre industriels ont fortement baissé depuis mi-février. En cause, le retrait soudain des industriels belges des achats. Le marché de la conservation n’absorbe pas les surplus. C’est le scenario catastrophe que redoutait la filière française.

-42 %, c’est la baisse des prix des pommes de terre industrie (variétés Challenger et Fontane) sur le marché belge (cotation Belgacom) entre le 14 février et le 7 mars. En 2023 comme en 2024, cette cotation progressait nettement sur le printemps, cette année fait donc figure d’exception.
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La campagne de pomme de terre « au bord du déséquilibre économique »
« Cette situation n’est pas le fruit du hasard : c’est bien le refus de dialogue collectif entre producteurs et certains industriels belges qui conduit la filière au bord d’un déséquilibre économique majeur pour la campagne 2025/2026 » s’insurge l’UNPT (Union Nationale des Producteurs de Pommes de terre) dans un communiqué le 5 mars.

Un industriel juge l’offre excédentaire
La chute des cours a commencé quand l’industriel belge Clarebout, maître de l’usine de frites surgelées de Dunkerque qui produit pour la MDD et l’export, a révisé en baisse de 10 à 20 % ses promesses d’achat. Il a été suivi par d’autres opérateurs industriels. Or les producteurs de pommes de terre s’apprêtent à planter et ne peuvent plus réviser leur stratégie. Ces volumes qui ne seront pas contractualisés alimenteront donc le marché libre, de quoi peser sur les prix.
Un marché attentiste
Conséquence, très peu d’activité sur le marché spot ces derniers jours. « On assiste à un climat d’opportunité qui ne favorise pas les volumes et les flux sur des marchés passifs et attentistes à l’évolution des cours » décrit le RNM. Certains vendeurs font des report vers le marché du frais, mais les opérateurs du segment retardent leurs achats pour profiter de la tendance baissière. En revanche, le niveau de prix plus bas a pu stimuler quelque peu les exportations ces derniers jours. Les pays du sud de l'Europe et l'Ukraine se sont montrés particulièrement intéressés par les qualités à frire.
Ne pas produire trop, appelle l’UNPT
Le marché de la pomme de terre industrie est structurellement prometteur. Mais le président de l’UNPT, Geoffroy d’Evry, alertait déjà début février, après l’assemblée générale du syndicat, « On peut se réjouir des annonces de nouvelles unités industrielles. Cependant, attention ! Celles-ci sont à horizon 2028-20230. On aura besoin de nouvelles surfaces, oui, mais il ne faut pas devancer cette demande si l’on veut conserver la rémunération de la pomme de terre ». L’UNPT déplore que « certains industriels » ignorent l’échange collectif et « les principes du dialogue en filière (…) définis par les lois Egalim et les accords interprofessionnels » et en appelle aux pouvoirs publics.