L’avis d’un importateur d’agneaux
Brexit : « la situation sanitaire et douanière dans laquelle on va rentrer, mon père l’a déjà connue »
Les Marchés Hebdo : Que représente le Royaume-Uni pour votre entreprise ?
Xavier Macquet : C’est un partenaire historique, nous en importons des agneaux. On travaillait déjà avec le Royaume-Uni avant que l’Europe se fasse. La situation sanitaire et douanière dans laquelle on va devoir rentrer, mon père l’a déjà connue. Certes, les conditions réglementaires n’étaient pas les mêmes, mais il y avait le système de contrôle aux frontières à l’époque.
LMH : Comment vous êtes-vous préparé au Brexit ?
X. M. : Au niveau de l’administration des Douanes et des services vétérinaires, il y a eu beaucoup de démarches de faites vers les entreprises, comme des webconférences, des mises en relation avec des conseillers. Nous avons bénéficié d’une écoute importante. Au niveau douanier, les procédures sont de plus en plus dématérialisées entre nos expéditeurs en lien avec nos transporteurs. Et puis nous suivons bien sûr l’actualité sur l’évolution du Brexit.
LMH : Est-ce que selon vous les démarches vont être allongées pour importer vos agneaux ?
X. M. : Sur un aspect logistique, il faudra être prudents, s’il y a des contrôles aux frontières, le temps nécessaire va peut-être être un peu plus important, de l’ordre de 24 heures pour nos produits. Au départ, nous avons entendu des scénarios catastrophes avec la perspective de queues énormes au niveau des passages transfrontaliers, je pense que les administrations ont beaucoup travaillé pour assurer de la fluidité. Nous sommes dans l’incertitude, mais tout le monde essaie de se préparer au mieux.
Il y a de l’incertitude mais de l’inquiétude, non !
LMH : Quelles sont les zones d’ombre sur lesquelles vous attendez encore des réponses ?
X. M. : La zone d’ombre, c’est la question des droits de douane, encore en négociation à l’heure où l’on se parle (le 7 décembre). À date, personne ne sait. Ce qui est sûr, c’est que l’on aura des contrôles sanitaires et douaniers aux frontières.
LMH : Êtes-vous inquiets ?
X. M. : Il y a de l’incertitude mais de l’inquiétude, non ! La filière viande a déjà traversé des crises : comme la vache folle, la fièvre aphteuse, l’embargo avec le Royaume-Uni. Nous avons réussi à nous adapter à la situation, notamment quand nous avons eu des embargos à l’importation en 2001 avec la fièvre aphteuse et de nouveau durant 2-3 mois en 2007. Le Royaume-Uni est notre fournisseur historique, le Brexit ne remettra pas en cause le travail que l’on fait depuis toujours avec eux.