L’Europe importe-t-elle du bœuf aux hormones brésilien ?
Les autorités brésiliennes peinent à assurer la fiabilité des déclarations des opérateurs sur la non-utilisation d’hormones chez les bovins dont la viande sera exportée vers l'UE car les dispositions actuelles en place pour garantir le respect de cette exigence sont inefficaces, pointe un rapport de Bruxelles. Un pavé dans la mare alors que le traité avec le Mercosur est toujours en négociation.
Les autorités brésiliennes peinent à assurer la fiabilité des déclarations des opérateurs sur la non-utilisation d’hormones chez les bovins dont la viande sera exportée vers l'UE car les dispositions actuelles en place pour garantir le respect de cette exigence sont inefficaces, pointe un rapport de Bruxelles. Un pavé dans la mare alors que le traité avec le Mercosur est toujours en négociation.
L'importation de viande de bœuf ayant un traitement aux hormones est interdite par la Communauté économique européenne depuis 1989. Et pourtant, l’Union européenne importe-t-elle du bœuf aux hormones, c’est-à-dire de la viande issue de bovins traités avec de l'œstradiol 17β, en provenance du Brésil ?
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Des dispositions inefficaces contre le bœuf aux hormones
L’Union européenne a réalisé un audit, du 27 mai au 14 juin 2024, afin d’évaluer la mise en œuvre des contrôles officiels sur les résidus de substances pharmacologiquement actives, de pesticides et de contaminants. Les inspecteurs s’attachaient à la viande bovine, la volaille et le miel. Le rapport de cet audit a conclu que le système de contrôle des résidus était globalement conforme aux exigences de l'UE mais pointe des lacunes sur :
- La conformité aux limites maximales résiduelles autorisées dans l’UE
- Les contrôles de qualité dans les laboratoires
- La séparation des systèmes de production pour garantir que les aliments provenant d'animaux traités avec de l'œstradiol 17β à des fins thérapeutiques ou zootechniques ne soient pas exportés vers l'UE.
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Le Brésil peut-il être maintenu sur la liste des pays autorisés à exporter du bœuf vers l'UE ?
« L’autorité compétente ne peut pas garantir la fiabilité des déclarations sur l'honneur des opérateurs concernant la non-utilisation d'œstradiol 17β chez les bovins » peut-on lire dans le rapport, qui pointe aussi que le ministère brésilien « n'est pas en mesure d'attester de manière fiable de la conformité des opérateurs avec la section correspondante du certificat sanitaire modèle de l'UE pour les exportations de viande bovine vers l'UE ».
« Pas en mesure d'attester de manière fiable de la conformité des opérateurs »
De quoi peut-être mettre « en question le maintien de l'inscription du pays pour les bovins à l'annexe -I du Règlement d'exécution (UE) 2021/405 ». L’UE demande donc au Brésil de renforcer le système de contrôle et de suivi de l'utilisation d'œstradiol 17β chez les bovins destinés à l'exportation vers l'UE, et de mettre en place des mesures plus efficaces pour garantir que seul du bétail n'ayant jamais été traité aux hormones soit exporté vers l'UE.
Interbev demande l'arrêt des négociations avec le Mercosur
La filière viande française demande à Bruxelles de « tirer toutes les conséquences de ce rapport et de mettre un terme définitif aux négociations avec les pays du Mercosur ». « La sécurité sanitaire des consommateurs et la défense des standards stricts de production, piliers de l’agriculture européenne, ne peuvent plus être compromises » réagit ainsi l'interprofession sur les réseaux sociaux.
Voir le rapport de la direction générale de la santé et sécurité alimentaire
Selon le ministère brésilien de l’Agriculture, en 2023, le Brésil a exporté environ 41 000 tonnes de viande bovine, 59 000 tonnes de viande de volaille et 2 800 tonnes de miel vers l'UE. En décembre 2023, environ 1 220 fermes bovines (situées dans neuf États) figuraient sur la liste des exploitations bovines autorisées à livrer du bétail à 53 abattoirs approuvés par l'UE. Il existe 26 abattoirs de volaille et 346 usines de transformation de miel enregistrées auprès du Service Fédéral d'Inspection.