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« On délègue le stockage et l'expédition de nos vins de négoce parce que l'on a confiance »

Faute de place disponible, les Vignobles Gueissard ont délégué la logistique des vins qu’ils produisent en négoce à la société Vinéolis. Un coût compensé par le gain en espace, temps et souplesse.

Pour Pauline Giraud et Clément Minne des Vignobles Gueissard, l'externalisation de l'embouteillage, du stockage et de l'expédition de leur gamme de négoce est un précieux gain de temps et d'espace.
Pour Pauline Giraud et Clément Minne des Vignobles Gueissard, l'externalisation de l'embouteillage, du stockage et de l'expédition de leur gamme de négoce est un précieux gain de temps et d'espace.
© C. Gerbod

« On manque toujours de place dans les exploitations viticoles », constatent Pauline Giraud et Clément Minne à la tête des Vignobles Gueissard, installés à Le Beausset dans le Var. C’est pour cette raison qu’ils délèguent l’embouteillage à la société Vinéolis, située dans le même département, à Brignoles. Vinéolis vient avec une chaîne mobile pour les vins du domaine et embouteille sur une chaîne fixe de son propre site pour les vins de négoce.

Le manque de place a conduit le domaine à externaliser aussi le stockage et l’expédition des vins de négoce. « Le négoce représente des volumes importants. Nous n’avons jamais eu assez d’espace pour les gérer sur place », explique Clément Minne. L’activité de négoce est née dès la création du domaine en 2010. Son succès a permis à Pauline Giraud et Clément Minne d’acquérir des vignes progressivement, car ni l’un ni l’autre n’était issu d’une famille viticole. L’espace encore disponible dans leurs bâtiments est réservé aux vins issus de l’agrandissement du domaine.

 
Spécialistes de l'embouteillage grâce à leurs chaînes fixes ou mobiles, Paul Vandevelde et Benoît Aldias, les fondateurs de Vinéolis, s'organisent pour répondre à la demande croissante de stockage et d'expédition de vin.
Spécialistes de l'embouteillage grâce à leurs chaînes fixes ou mobiles, Paul Vandevelde et Benoît Aldias, les fondateurs de Vinéolis, s'organisent pour répondre à la demande croissante de stockage et d'expédition de vin. © C.Gerbod

 

Gagner de l’espace mais aussi du temps

Les vins sélectionnés restent chez les fournisseurs. Ils sont transférés chez Vinéolis en fonction des commandes. « La plupart de nos clients ont des problèmes de stockage. Ils n’ont pas la place ou le souhait de construire un entrepôt », constate Benoît Aldias, cofondateur de l’entreprise avec Paul Vandevelde. Le site de Vinéolis étant situé dans la zone d'activité Nicopolis à Brignoles, l’accès pour les camions est beaucoup plus facile que dans nombre de domaines de la région desservis par des voies étroites et tortueuses. « Ces clients préfèrent envoyer les palettes ou le vin en citerne en une fois », commente Benoît Aldias. Le gain de temps est une autre motivation forte. Beaucoup de propriétés « se disent qu’il y a mieux à faire que de préparer des commandes et d’attendre le transporteur », remarquent les dirigeants de Vinéolis. « C’est plus de temps pour les vignes, plus de temps pour le commercial », confirme Pauline Giraud.

Lire aussi : Le cahier des charges : un allié lors des mises en bouteilles

Une répartition des rôles bien définie entre les différents acteurs

Dans le cas des Vignobles Gueissard, Vinéolis réceptionne le vin en vrac. Il y a assemblage ou pas selon les directives du domaine, puis embouteillage et expédition. « L’activité de négoce étant bien installée, on est plutôt en flux tendu, se réjouit Pauline Giraud. Nous gérons le commercial et la facturation, ce sont nos transporteurs ». La gestion des matières sèches est un point crucial. Les Vignobles Gueissard les achètent mais partagent avec Vinéolis un tableau d’inventaire soigneusement mis à jour. « Les Vignobles Gueissard vérifient leur stock de matières sèches lorsqu’ils envoient un ordre de fabrication. C’est leur fournisseur qui nous livre », précise Benoît Aldias. Vinéolis gère les analyses avant et après la mise en bouteille. « S’il faut réajuster un vin au vu des analyses à réception, c’est le client qui prend la décision », illustre Benoît Aldias. Vinéolis se charge des documents douaniers (DAE).

Lire aussi : Le transport longue distance malmène les vins

Pour Clément Minne, collaborer avec ce type de prestataire est aussi la garantie d’accéder à des équipements à la pointe de l’innovation et au savoir-faire pour les utiliser à leur optimum. « Si on investissait nous-mêmes, on ne pourrait pas changer tous les cinq ans de matériel », observe-t-il. Vinéolis fait régulièrement évoluer son matériel. La société a par exemple récemment acquis un contacteur membranaire pour gérer avec toujours plus de précision les gaz dissous.

Il arrive que Vinéolis conseille sur la faisabilité d’un habillage. « Certains bureaux de design font de belles étiquettes mais on se retrouve avec une inadéquation entre la bouteille et l’étiquette », constate Paul Vandevelde.

Une communication bien huilée est indispensable

Anticipation et communication permanente sont indispensables à la réussite de l’externalisation. Des fiches de production décrivent en détail toutes les opérations à mener par produits et par clients du domaine, issus d’une diversité de pays : étiquette, contre-étiquette, marquage, bouchon… Le négoce est exporté à 80 %. Vinéolis gère ainsi 22 produits différents pour la gamme négoce des Vignobles Gueissard. Benoît Aldias et Paul Vandevelde ont tous deux fait un BTS viti-œno et travaillé dans différents domaines. Cela facilite le dialogue avec leurs clients. « On parle la même langue, se félicite Pauline Giraud. S’ils remarquent quelque chose au déchargement, ils nous préviennent. » Lorsqu’un nouveau produit est mis en place, Pauline Giraud et Clément Minne se déplacent chez Vinéolis. Des validations se réalisent par envoi de photos via smartphone. « On délègue parce que l’on a confiance », résume Pauline Giraud.

L’utilisation d’un outil de partage (drive) de tous les fichiers nécessaires à l’embouteillage et à la réalisation des commandes facilite la circulation de l’information. Toute actualisation d’une information est simultanée et chacun est sûr de travailler avec les bonnes données.

Plus d’espace pour offrir plus de souplesse

Beaucoup de temps est investi dans les deux entreprises pour la planification. Vinéolis cale son planning jusqu’à fin mars dès décembre mais peut éventuellement traiter des petits lots en fin de journée en plus si besoin. « Nous suggérons d’embouteiller et d’étiqueter un peu plus pour donner de la flexibilité et pouvoir répondre vite à des commandes », explique Benoît Aldias.

Mais chez Vinéolis aussi, le manque d’espace est devenu un frein. Pour gagner en souplesse sur l’activité d’externalisation, Vinéolis a décidé de quadrupler sa surface. L’entreprise déménage et investit dans un nouveau site climatisé de 2000 m2, opérationnel tout début 2022. Le volume de cuverie va tripler pour que les clients puissent livrer plus de vin en une fois et le stocker sur place plus longtemps. La partie stockage occupera la moitié de l’espace

Différents types de prestations

 
« On a des coûts fixes à la palette. Nos clients savent combien ça va leur coûter par bouteille », souligne Benoît Aldias. Il constate que cet argument séduit particulièrement les domaines gérés par des investisseurs, qui veulent maîtriser leurs coûts. Les mises sur le site de Vinéolis sont facturées à partir de 0,208 euro le col. Le stockage à température maîtrisée coûte à partir de 10 euros par mois par palette et à partir de 0,60 euro l’hectolitre par mois pour le stockage du vin en vrac. À ce jour, l’essentiel de l’activité d’externalisation de Vinéolis concerne la mise en bouteille fixe de vin reçu en vrac, stocké en cuve avant mise puis en bouteilles avant expédition. Le stockage de bouteilles embouteillées au domaine ne représente que 1 % du chiffre d’affaires. Mais Benoît Aldias et Paul Vandevelde misent aussi sur le développement de cette offre. Ils constatent que beaucoup de leurs clients souhaitent toujours embouteiller au domaine mais recherchent des solutions de stockage. L’entreprise pourra stocker 800 palettes soit près de 500 000 bouteilles au lieu de 40 000 aujourd’hui.

 

repères

Les Vignobles Gueissard

Localisation Le Beausset

Surface 35 ha (dont 5 ha en fermage)

Label HVE

Production Domaine : 150 000 bouteilles environ + négoce : 1 million de bouteilles environ

Appellations AOP bandol, AOP côtes-de-provence, IGP méditerranée

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