7 bonnes raisons d’utiliser des douelles
Longtemps tiré par les copeaux, le marché des bois œnologiques laisse chaque année davantage de place aux douelles, qui s’affirment comme un outil d’élevage moderne et économique. Voici 7 raisons d’y avoir recours.
Longtemps tiré par les copeaux, le marché des bois œnologiques laisse chaque année davantage de place aux douelles, qui s’affirment comme un outil d’élevage moderne et économique. Voici 7 raisons d’y avoir recours.
1 Elles sont une solution économique pour les vins milieu de gamme
« La barrique reste incontournable sur les plus belles qualités. Mais lorsqu’il s’agit d’aller gagner des parts de vente sur un marché spécifique, généralement milieu de gamme, utiliser des douelles trouve tout son intérêt », expose Chantal Bompas, directrice du site de production et responsable de la marque Nobile chez Laffort.
Un avis largement partagé par Richard Curty, directeur du Château de Parenchère, en Gironde. « On n’a pas du tout la même tenue dans le temps, donc pour les vins haut de gamme, il n’y a pas de sujet, c’est la barrique », commente-il. Il utilise des douelles sur ses vins entrée de gamme, « pour faire le meilleur vin possible », sans l’ambition de revoir le positionnement prix ou marché de ses vins. En moyenne, le coût de l’élevage sous douelles s’établit autour de 8 €/hl là où les copeaux coûtent autour de 2 €/hl et la barrique autour de 100 €/hl.
2 Leurs méthodes de fabrication assurent la régularité
Bien que les processus de sélection des bois s’apparentent à ceux utilisés pour les barriques, les méthodes de fabrication diffèrent sensiblement. « On chauffe les bois par convection (à cœur) ou uniquement en surface pour créer des gradients, ce qui fait que l’offre est plus large. Mais la méthode s’apparente davantage à un processus industrie,l là ou celle utilisée pour produire des barriques est plutôt de type artisanal », analyse Chantal Bompas. Avec pour principal avantage une très forte reproductibilité des profils pour une meilleure adaptation au besoin de chaque millésime.
3 Elles ont un rôle spécifique, entre copeaux et barriques
Pour Benoît Verdier, directeur R & D chez Seguin-Moreau, il y a deux questions à se poser avant de se lancer dans un élevage sous douelles : « quel profil de vin est-ce que je recherche et de combien de temps je dispose ? ». Selon son expérience, il y a deux grands cas de figure chez les utilisateurs de douelles. « On a d’un côté les utilisateurs de copeaux qui en voient la limite technique lorsqu’ils souhaitent travailler avec des doses plus élevées tout en gardant un équilibre et de la complexité », note-t-il.
Et de l’autre, il y a les utilisateurs de barriques de plusieurs vins. « Ils déplorent souvent des évolutions oxydatives et une perte de fraîcheur », développe-t-il. Avec les douelles, « les résultats obtenus sont souvent jugés plus fins et plus élégants que ceux obtenus avec les copeaux, dans la lignée de la barrique », pointe Chantal Bompas.
4 Elles améliorent la texture sans boiser
Pour Benoît Verdier, les douelles suivent le sillon tracé par la barrique depuis une dizaine d’années. « On cherche à travailler la texture, à apporter de la rondeur et de la gourmandise sans boiser. Typiquement c’est le genre d’outil qui marche très bien sur des vins légers, avec peu de matière », explique-t-il.
« On a fait de gros efforts pour développer des produits respectueux du fruit », complète Chantal Bompas. C’est pour améliorer la qualité de ses vins entrée de gamme que Richard Curty, du Château de Parenchère, utilise depuis plusieurs années des douelles sur ces vins-là. Pour lui, la première étape a été de faire une multitude d’essais afin de déterminer le type de douelles le plus adapté à ses vins. Même s'il estime avoir trouvé la bonne formule, chaque année de petites adaptations sont à prévoir pour prendre en compte l'effet millésime.
5 La durée de l’élevage est relativement courte
Le temps dont on dispose pour élever ses vins est un élément à prendre en compte pour choisir son type de douelle, et notamment son épaisseur. Plus l’épaisseur est importante, plus la cinétique d’extraction sera lente. Les durées d’élevage varient de 4-5 mois pour les douelles les plus fines, à 6-8 mois pour les plus épaisses. Dans ce deuxième cas, environ 80 % des composés du bois sont extraits.
« Actuellement on trouve sur le marché des douelles allant de 7 à 22 mm d’épaisseur, avec une tendance très forte sur les 18 mm depuis deux trois ans », commente benoît Verdier. Richard Curty a opté pour des douelles de 18 mm peu chauffées, qu’il laisse en contact environ huit mois, entre janvier et septembre. « Je mets ensuite en bouteille au printemps suivant, car j’estime que le vin a besoin de quelques mois pour intégrer les composés extraits », poursuit-il.
6 Leur utilisation est d’une grande souplesse
Pour Chantal Bompas, l’intégration des composés extraits est meilleure lorsque le contact a lieu dès les fermentations alcooliques (FA). « Les levures jouent un rôle dans la dégradation des composés du bois », affirme la responsable. Mais dans la pratique, de nombreux producteurs attendent la fin des FA avant de faire un choix. « Ils préfèrent attendre d’avoir une vision plus claire du potentiel œnologique de leurs vins », remarque Chantal Bompas.
7 Elles s’adaptent aux rouges comme aux blancs
Majoritairement utilisées sur vin rouge, les douelles ne se limitent pourtant pas uniquement à cette catégorie. Les règles pour élever les blancs sous douelles sont à peu près les mêmes que celles utilisées pour les élevages en barrique. « Il faut être vigilant avec les cépages sensibles à l’oxydation comme le sauvignon blanc ou le pinot gris, car ils peuvent vite être trop marqués par le bois et perdre leur typicité », explique Benoît Verdier.
Des effets de réductions ont plus souvent été observés sur ces cépages. Mais l’avantage des douelles est que l’on peut jouer sur les doses. « On peut facilement travailler à 6 g/l sur chardonnay, et ne pas dépasser 2 g/l sur les cépages sensibles », indique-t-il. La sélection des bois et les process de chauffe offrent une marge de manœuvre supplémentaire pour maintenir cette typicité.
avis d’expert : Frédéric Mignot, œnologue-consultant associé chez Œnomaîtrise, en Gironde
« Je maîtrise mieux la barrique depuis que je travaille avec les bois œnologiques »
« La segmentation entre élevage barrique et sous douelles est très claire : elle dépend de la valorisation des vins. Je constate que les douelles vont plutôt être utilisées pour l’élevage des vins commercialisés à partir de 3 € départ propriété. Ensuite, ça va dépendre de la capacité du vin à supporter un élevage oxydatif sous-bois, et du temps dont on dispose. Autrement, je dirais qu’avec l’élevage sous douelles, il y a deux grands objectifs. Soit il s’agit de rééquilibrer les vins en travaillant la structure, la sucrosité, la complexité ; soit le but est de répondre à un objectif marché bien spécifique, et de faire les vins que l’on peut vendre.
Pour des questions pratiques, les douelles sont mises au contact du vin en fin de FA, quand on n’a plus le marc. C’est encore mieux si la malo n’a pas encore été faite. Choisir la douelle adaptée à son objectif suppose de bien réaliser son diagnostic matrice, ce qui requiert une grande technicité. D’autant qu’aujourd’hui les bois œnologiques sont très précis. Donc si on arrive à bien caractériser sa matrice, on fait les bons choix et on obtient d’excellents résultats. Personnellement, j’ai l’impression de mieux maîtriser la barrique depuis que je travaille avec les bois œnologiques. Ça m’a aidé à mieux comprendre la relation vin/bois, et avec les fournisseurs, on se comprend mieux. »