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Porc
Peste porcine africaine : une crise socio-économique et géopolitique d’envergure mondiale

Brutalement arrivée en Chine en 2018, la peste porcine africaine, prédécesseur de la Covid-19, s’est rapidement propagée, provoquant des changements de flux sur le commerce international.

A l'instar du coronavirus, la PPA provoque le chaos sur la scène internationale. © Vyashini Chokupermal
A l'instar du coronavirus, la PPA provoque le chaos sur la scène internationale.
© Vyashini Chokupermal

La peste porcine africaine (PPA) « est l’exemple des impacts socio-économiques et politiques qu’une peste animale peut avoir dans le monde moderne à une échelle encore jamais vue », explique Jean-Christophe Audonnet de Boehringer Ingelheim, lors du webinaire organisé par l’Académie d’agriculture de France et l’Académie vétérinaire de France le mercredi 3 février. On a assisté à la disparition drastique du cheptel du premier producteur mondial de porcs. Début 2018, les effectifs chinois s’élevaient à 500 millions de porcs, un an après, la réduction était estimée à 50 %, soit 250 millions en moins, ce qui représente un quart de l’effectif mondial. On parle ainsi de « l’apocalypse sow » avec plus de 140 milliards d’euros de pertes.

Hausse des importations face à l’inflation

Cette chute de la production a fait tripler le cours du porc chinois entre février 2019 et février 2020. Le prix a même atteint un record de 6 euros/kg vif ! Aujourd’hui, il demeure toujours à un niveau extrêmement élevé bien que la production soit revenue à son niveau de 2002. « Le porc occupe une place importante dans la culture chinoise, pesant pour 13 % de l’indice des prix à la consommation alimentaire en Chine », explique Jean-Marc Chaumet, agroéconomiste à l’Idele. L’inflation provoquée par la hausse du prix du porc a incité le recours aux importations qui ont surtout bondi au second semestre 2019.

L’envolée des importations s’est poursuivie en 2020 aussi bien en viande porcine et bovine qu’en céréales. 35 millions de tonnes de céréales ont été achetées, notamment pour reconstituer le cheptel porcin. De quoi creuser le déficit commercial chinois, estimé à 70 milliards de dollars en 2019. Or cette dépendance alimentaire de l’étranger engendrée par la PPA représente « un talon d’Achille » pour l’empire du Milieu qui souhaite devenir la première puissance mondiale en 2049. D’ailleurs, pour ne pas freiner la production porcine les réglementations environnementales pour l'élevage de porc ont été assouplies en mars 2020 et le pays encourage ses entreprises à construire plus d'élevages à l’étranger.

Une propagation inéluctable en Europe

Si l’UE a beaucoup profité de la PPA en Chine, elle se voit désormais menacée par cette crise qui se propage de façon inéluctable en Europe. Afin de protéger sa production intérieure et pouvoir continuer à exporter vers la Chine, les États membres ont mis en place des stratégies administratives et sanitaires. Pour Boris Duflot, de l’Institut du porc, cette crise a engendré « des risques et opportunités qui requièrent des adaptations ». La négociation pour faire reconnaître le zonage est particulièrement importante pour la France dont la production porcine est concentrée à l’ouest alors que les sangliers sont surtout présents dans l’est et le centre du pays. Un protocole d'accords est en cours de rédaction entre la France et la Chine.

Pour l’heure, on ne peut espérer obtenir un vaccin dans un avenir proche. Seule la prophylaxie sanitaire permet de parer la diffusion de la PPA. Jean-Christophe Audonnet conseille, pour sa part, « d’investir dans les sociétés qui fabriquent des clôtures et des grillages », car il y aurait des milliers de kilomètres à poser en Europe dans les prochaines années…

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