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Election présidentielle 2022
Poulet du Brésil, TVA à 0%, chèque alimentaire, localisme : quelle place pour l’agriculture dans le débat entre Macron et Le Pen ?

Retour sur quelques verbatims du débat d’entre deux tours entre les deux candidats finalistes à l’élection présidentielle 2022 sur l’alimentation des Français et la situation des agriculteurs.

Débat d'entre deux tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen 2022
© Capture d'écran TF1

L’agriculture et l’alimentation ont été peu abordées lors du débat d’entre deux tours de l’élection présidentielle entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Un débat qui a pourtant duré près de trois heures. Retour toutefois sur quelques passes d’armes durant lesquelles le sort des agriculteurs a été évoqué.
 

Poulet brésilien et Europe

Le président sortant et la candidate du Rassemblement national se sont vivement opposés sur le sujet européen, Emmanuel Macron accusant Marine Le Pen de « mentir sur la marchandise », cette dernière considérant « n’avoir jamais vu les dirigeants français défendre les intérêts des Français dans l’UE ». « L'Europe, c'est pas tout ou rien, ce n'est pas « on prend tout et on ne dit rien ou alors on ne prend rien »», a entamé la candidate qui a évolué en 5 ans sur le sujet, affirmant désormais « souhaiter rester dans l'Union européenne », mais « profondément la modifier pour faire émerger une alliance européenne des nations ». « Il y a toute une série de politiques de l'Union européenne avec lesquelles je suis en désaccord », a-t-elle poursuivi en citant « la multiplication des accords de libre-échange où l'on vend des voitures allemandes, en sacrifiant des éleveurs à la concurrence des poulets du Brésil ou du boeuf du Canada ».

Quel poulet du Brésil ?

« Quel poulet du Brésil ? », s’est étonné Emmanuel Macron rappelant qu'il s'était « opposé » à l'accord de l'UE avec le Mercosur car « quand, nous, on demande à nos agriculteurs des choses, on demande la même chose en face ». « Ce que vous décrivez, ça ressemble à une bande à part », a poursuivi le président sortant en accusant son adversaire de « mentir sur la marchandise ». « L'Europe est une copropriété, on ne peut pas décider seul de ripoliner la façade. Vouloir changer tout seul un club, c'est faire bande à part », a-t-il insisté.

 

Inflation : TVA à 0% contre chèque alimentaire

Programme contre programme, les deux candidats à l’élection présidentielle se sont aussi opposés mercredi 20 avril au soir sur les méthodes pour protéger le pouvoir d’achat. Marine Le Pen a rappelé vouloir baisser la TVA sur l'énergie à 5,5% au lieu de 20% ainsi qu'instaurer une TVA à 0% sur un panier de produits de première nécessité (d’hygiène et alimentaires), « tant que l'inflation est supérieure d'un point à la croissance », ce qui selon elle est le cas dès maintenant.

« Faux, il y a un point de différence mais dans l’autre sens » a répondu Emmanuel Macron, affirmation confirmée par Le Monde qui rappelle qu’en 2021, l’inflation (2,8%) était nettement inférieure à la croissance (7%) selon l’Insee. Avec la guerre en Ukraine les prix étaient en hausse de 4,5% sur un an en mars 2022 avec une croissance de 5,5% sur un an.

A l’idée de la baisse de la TVA, Emmanuel Macron a opposé son bouclier sur le prix de l’énergie et le chèque alimentaire annoncé pour les ménages les plus en difficulté. Des mesures plus efficaces et plus adaptées, selon le président sortant.
 

Localisme contre planification écologique

Sur le thème de l’environnement, peu abordé dans son programme, Marine Le Pen a assuré que « c’est le modèle économique fondé sur le libre-échange qui est responsable des émissions de gaz à effet de serre ». Dénonçant le rôle des importations, la candidate du Rassemblement national a indiqué avoir construit son programme sur « la relocalisation » pour favoriser la consommation de proximité et limiter la pollution engendrée par les déplacements. « L’Etat doit mettre en place le patriotisme économique, on doit arrêter d’importer la moitié de nos fruits et légumes. La restauration collective doit s’engager à acheter, pas bio parce qu’il y a du bio étranger, mais français », a déclaré la candidate.

Le modèle de libre échange fait beaucoup de mal aux animaux

Marine Le Pen a également associé le modèle de libre échange à la souffrance animale. « On a des bêtes nées en France et transportées par camion à des centaines de kilomètres pour les engraisser puis des centaines de kilomètres pour les abattre, c’est un modèle insensé », a-t-elle poursuivi.

Réponse d’Emmanuel Macron : « nos importations qui nous posent le plus de problème c’est notre dépendance aux hydrocarbures or vous les subventionnez avec une baisse de TVA, votre programme n’a ni queue ni tête », et d’accuser Marine Le Pen d’être « climatosceptique ». Cette dernière lui rétorque en retour que lui est « climatohypocrite ».

« J’ai été frappé par le rapport du Giec, je veux aller beaucoup plus vite dans le quinquennat qui vient. Un Premier ministre sera en charge de ce projet, de la planification écologique et territoriale », a expliqué Emmanuel Macron. Le président sortant a affirmé vouloir davantage accompagner les transitions : « accompagner la transition industrielle et agricole, pas par injonction mais par investissement », a-t-il insisté. Emmanuel Macron a par ailleurs dénoncé le sort réservé aux énergies renouvelables dans le programme de son adversaire défendant pour sa part le développement de 50 parcs éoliens en mer ou encore l’agrivoltaïsme, « un vrai projet que nous allons porter avec nos agriculteurs ».

La sécurité dans les campagnes

« Dans la campagne la plus profonde les gens me disent être cernés par l’insécurité qui est partout, dans les villes, dans les campagnes », a déclaré Marine Le Pen sur son thème de prédilection de la sécurité. « Les faits se déroulent absolument partout : on siphonne les voitures pour voler l’essence, on pille les chantiers, on vole les exploitations agricoles, on pique les bêtes sur pied parfois, les récoltes, l’engrais…. Dès que quelque chose a la moindre valeur, les gens tremblent qu’on leur dérobe », a-t-elle poursuivi proposant comme solutions dans son programme : la certitude de la peine, la création de 25 000 places de prison ou encore un référendum sur l’immigration.

Emmanuel Macron a pour sa part indiqué vouloir créer 200 brigades de gendarmerie dans les campagnes ou encore déployer 1500 cyberpatrouilleurs pour lutter contre les cyberattaques. Il a aussi promis la création de 8500 postes dans l’institution judiciaire.

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