Magasins de producteurs en vente directe : « La fédération a été créée pour porter une seule voix au niveau national et faire remonter les revendications » explique Florian Pascal
La Fédération nationale des magasins de producteurs en vente directe (Femap) a été créée le 2 avril dernier lors de son assemblée générale constitutive. Florian Pascal, président du réseau des magasins de producteurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui est un des initiateurs ce cette nouvelle fédération, nous explique les objectifs et ambitions de la Femap.
La Fédération nationale des magasins de producteurs en vente directe (Femap) a été créée le 2 avril dernier lors de son assemblée générale constitutive. Florian Pascal, président du réseau des magasins de producteurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui est un des initiateurs ce cette nouvelle fédération, nous explique les objectifs et ambitions de la Femap.

Pourquoi avoir créé la Fédération nationale des magasins de producteurs en vente directe ?
Nous avons créé cette fédération pour que les magasins de producteurs ou les réseaux de magasins de producteurs existant sur tout le territoire puissent se rassembler et parler d’une seule voix au niveau national. Pour se faire connaître et reconnaître, il fallait se doter d’une structure nationale pour avoir une représentativité. Outre la mission de se compter, nous avions aussi la nécessité de nous caractériser.
Lire aussi : Les magasins de producteurs en vente directe créent leur fédération, la Femap
A ce propos, quelle est votre définition du statut de magasin de producteurs ?
Nous ne sommes pas là pour imposer un cahier des charges, l’important c’est de se caractériser et de porter un plaidoyer au niveau national. Un magasin de producteur est un lieu physique de vente directe de produits locaux issus de la ferme, géré par un collectif d’agriculteurs qui se donne des règles de fonctionnement, notamment la transparence sur l’origine des produits. Chacun peut adapter ses propres règles mais le collectif doit partager et tendre vers ces valeurs et les producteurs se doivent d’être présents, que ce soit au niveau de la vente ou de la gestion du magasin.
Qui sont les membres fondateurs ?
Nous avons trois réseaux de magasins de producteurs existants qui ont initié la démarche et sept magasins ont participé à l’assemblée générale constitutive, ce qui représente une cinquantaines de magasins, soit 2 500 fermes.
"L'objectif est d'atteindre une centaine d'adhérents d'ici la fin d'année"
Quel objectif vous fixez-vous ?
Notre potentiel de développement, ce sont les 540 magasins de producteurs qui ont été identifiés au niveau national, mais d’ici la fin de l’année nous espérons en accueillir entre 80 et 100.
A relire : Circuit court : combien d’agriculteurs pratiquent ce mode de vente ?
Qui peut adhérer ?
Deux collèges ont été créés : un pour les réseaux de magasins de producteurs existants et un pour les magasins à titre individuels. Il y a également un collège partenaires où on accueille, avec une voix consultative, toutes les structures accompagnatrices ou des personnes privées qui ont une compétence dans cette thématique-là.
Quel rôle a joué Trame dans la naissance de la fédération ?
Les trois réseaux fondateurs sont membres de Trame et nous avons demandé à l’association qui est une pouponnière d’initiatives de nous accompagner pour faire émerger notre réseau national. Trame a mis des moyens humains pour caler les premiers statuts et nous avons travaillé ensemble pendant six mois.
"Nous avons pour objectif de faire remonter les demandes du terrain"
Quelles sont les missions de la fédération ?
Défendre et reconnaitre notre modèle de magasins de producteurs, apporter un soutien administratif à nos adhérents, aider au développement grâce à l’échange de bonnes pratiques, porter une voix au niveau national, se faire reconnaître des structures qui accompagnent les magasins de producteurs, avoir des coopérations, notamment avec les chambres d’agriculture et les Civam. Nous avons aussi l’ambition de parler pour les producteurs au sein d’un groupe de travail informel qui existe déjà : le groupe national magasins de producteurs. Nous avons également pour objectif de faire remonter les revendications.
A relire : « Quand on fait de la vente directe, on fait 25 métiers différents ! »
Quelles sont justement les demandes qui remontent du terrain ?
Nous avons par exemple des revendications en ce qui concerne les agents du service répression des fraudes qui font des contrôles dans les magasins de producteurs et qui nous demandent d’appliquer les règles de commercialisation de fruits et légumes qui s’appliquent aux circuits longs alors que nous faisons de le vente directe. Très concrètement c’est du calibrage de pomme de terre ou de pommes, c’est le fait que sur les étiquettes qui annoncent le prix et l’origine des produits, les contrôleurs nous obligent à marquer « France », alors qu’ils ne nous obligent pas à marquer le nom et la localité de la ferme, ce qui nous semble pourtant prioritaire.
"Le magasin de producteurs doit être considéré comme un lieu de vente directe"
Le concept de vente directe est très important pour nous et pour les producteurs qui font des transformations à base de produit animal parce pour l’instant la DGAL ne reconnaît pas le magasin de producteurs comme un lieu de vente directe. Un petit éleveur qui fait son fromage de chèvre dans sa fromagerie, pour pouvoir le vendre dans un magasin de producteurs, il est obligé de faire agréer aux normes européennes son atelier de transformation. Nous voulons que le magasin de producteurs soit considéré comme un lieu de vente directe comme si c’était le producteur qui vendait son fromage sur le marché et qu’il y ait donc un régime de dispense d’agrément.
Quelles autres ambitions avez-vous ?
Nous voulons développer le nombre de réseaux de magasins de producteurs et le nombre de magasins de producteurs, ça va donc être un travail de lobbying au niveau territorial pour dire que le magasin de producteurs est un outil idéal pour développer les circuits courts sur son territoire. Nous allons aussi nous tourner vers le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire avec qui nous avons déjà eu des échanges via le groupe de travail national. Notre objectif, c’est la promulgation d’un décret qui viendrait compléter la loi sur les magasins de producteurs pour lever toutes les ambiguïtés sur l’interprétation de ce modèle-là.
A relire : Près d’une exploitation agricole sur quatre vend en circuit court
Quid du grand public ?
Nous avons la volonté de faire de la promotion auprès du grand public via des actions de communication, tout va dépendre évidemment de notre budget. Il va falloir mutualiser les moyens. On s’est fixé comme mise de départ une cotisation annuelle de 50 euros par magasin, ce qui est dérisoire, mais c’est uniquement pour lancer la machine.
"L'engouement du grand public est une question de maillage du territoire"
Comment expliquez-vous l’engouement des consommateurs pour les magasins de producteurs ?
C’est une question de maillage du territoire. A partir du moment où il y a un collectif de producteurs qui travaille pour avoir un lieu de vente commun, ça marche. A partir du moment où il y a une offre bien organisée, les consommateurs sont là. La problématique économique que peut rencontrer un magasin de producteurs, c’est le fait d’avoir des approvisionnements irréguliers ou qui posent problème plutôt qu’un manque de clients. Un producteur engage la qualité de ses produits par rapport à ses clients mais aussi par rapport à ses pairs et il n’affiche pas forcément des prix excessifs. Les magasins de producteurs sont très compétitifs.