« Nous avons rénové et agrandi notre atelier porcin pour anticiper l’avenir »
Dans la Creuse, les associés du Gaec Le Breuil ont investi dans la rénovation et l’agrandissement de leur atelier porcin afin d’installer le dernier membre de la société. Accompagnés par la coopérative Cirhyo, les éleveurs anticipent les normes à venir avec ce nouveau bâtiment dédié à l'engraissement.
Dans la Creuse, les associés du Gaec Le Breuil ont investi dans la rénovation et l’agrandissement de leur atelier porcin afin d’installer le dernier membre de la société. Accompagnés par la coopérative Cirhyo, les éleveurs anticipent les normes à venir avec ce nouveau bâtiment dédié à l'engraissement.
À Jouillat, petit village au nord de Guéret, dans la Creuse, l’agrandissement de l’élevage de porcs post-sevrage et engraissement du Gaec Le Breuil a permis l’installation d’un troisième éleveur et démontre ainsi que la filière porcine régionale a toujours la capacité de se développer.
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Thierry Dauger est maintenant accompagné de ses deux gendres, Fabien Bocquet et Mathieu Pouteix, sur une exploitation typique du Massif central associant les porcs et les ruminants, ici des vaches limousines.
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« L’atelier porcin apporte du volume et permet la fabrication d’aliments à la ferme, utilisée aussi pour la complémentation des bovins », souligne Thierry Dauger, installé en 1994 et adhérent au groupement Cirhyo.
Les travaux, lancés en mai 2022 et aboutis au printemps 2023, ont consisté à rénover le bâtiment initial pour le consacrer au post-sevrage, construire un nouveau bâtiment dédié exclusivement à l’engraissement et bâtir un nouvel espace de stockage de céréales pour la fabrique d'aliment à la ferme (FAF). La production a été augmentée, passant de 225 à 930 places de post-sevrage, 440 à 1 712 places d’engraissement, uniquement pour le site de Jouillat. Le Gaec possède également un autre atelier à quelques kilomètres avec une capacité de 300 porcelets et 450 porcs charcutiers.
Un modèle pérenne facilite l’installation
Mathieu Pouteix, dernier installé du Gaec Le Breuil, avait commencé un parcours en lycée agricole avec l’ambition de devenir agriculteur, sans terminer son cursus. Après onze ans dans les travaux publics, il a sollicité Thierry Dauger pour travailler avec lui. « J’ai fait un an de salariat avant l’installation », précise-t-il. Avec Fabien Bocquet, l’autre gendre et associé depuis 2017, ils s’occupent de l’atelier bovin chaque matin. « Tout ce qui est transport, lavage et soin des porcs, nous le faisons à trois. »
L’installation de Mathieu, en juin 2021, avait soulevé la question du devenir de l’atelier porcin. « Rénover sans agrandir aurait coûté cher et il fallait dégager un troisième revenu sur l’exploitation », exposait Thierry Dauger à l’occasion des portes ouvertes organisées au Gaec le 23 janvier 2024. Le choix de l’agrandissement assurait « un système durable dans le temps ». Le projet a suscité l’opposition d’une association environnementale locale, occasionnant un retard de six mois, sans aller jusqu’au recours administratif. « Cette opposition constitue l’un des principaux freins à l’installation », déplore Noël Thuret, le président de Cirhyo. Pourtant, cet élevage est un modèle pérenne, qui coche toutes les cases sur le plan environnemental et du bien-être animal. » La coopérative a calculé le nombre de personnes nourries par l’atelier porcin : « Environ 22 000, soit les habitants des quatre principales villes de la Creuse. »
Gain de confort pour les animaux et les éleveurs
L’anticipation est le mot-clé qui a guidé la construction du bâtiment d’engraissement, afin de prévenir les futures réglementations. L’élevage en Label rouge suit le cahier des charges de Porc Délice, au sein duquel une réflexion est en cours sur des seuils de luminosité. « Les ouvertures lumineuses devraient représenter à l’avenir entre 3 et 6 % de la surface au sol, explique Roland Servant, directeur adjoint de Cirhyo. Nous atteignons les 3 % grâce aux fenêtres et à un puits de lumière dans le couloir central. » Large de deux mètres et d’une belle hauteur sous plafond, ce couloir de circulation offre un gain de confort apprécié des éleveurs. Un aménagement autrefois plébiscité revient au goût du jour : les niches, installées dans les salles de post-sevrage, munies de lampes chauffantes. « C’est un gain de confort pour les animaux et un moyen efficace de réduire la consommation énergétique, jusqu’à 60 % », rappelle Roland Servant.
Auparavant labellisé Porc du Limousin, l’élevage a abandonné ce label à cause du changement de maternité, la précédente ne pouvant fournir un nombre suffisant de porcelets. « Nous recevons désormais toutes les trois semaines 450 porcelets de la maternité collective de Cazals, dans le Lot, détaille Thierry Dauger. Elle se situe hors de la zone IGP Porc du Limousin. Cela ne change pas la conduite de l’élevage, qui demeure en Label rouge. La différence entre les cahiers des charges avec Porc Délice est minime. » Les porcs sont abattus sur le site de Tradival, à Lapalisse (Allier), et commercialisés notamment par Lidl sous le nom Porc Label rouge.
Autonomie alimentaire
Pour le nouveau bâtiment d’engraissement, les éleveurs ont opté pour un système de refroidissement, couplé à une ventilation centralisée. « Si la directive sur les émissions industrielles se durcit, tout est prêt pour installer deux cheminées de lavage d’air. » Les murs, en béton lissé, sont isolés entre chaque salle. Sur le quai d’embarquement, les porcs sont triés case par case afin d’éviter les conflits. Le transporteur dispose d’un sas pour se changer, garantissant les règles de biosécurité. Il effectue le chargement seul.
La FAF de l’exploitation a elle aussi bénéficié d’un rajeunissement avec le changement de tous ses automates et une extension pour le stockage des céréales. Alimentée à 55 % par les cultures de la ferme, elle produit l’aliment deuxième âge et la soupe pour les porcs en se fournissant auprès des fermes voisines. Seuls les tourteaux et l’aliment premier âge sont achetés à l’extérieur. Le coût de l’ensemble du projet a représenté la somme de 1 million d’euros.