En cas d’arrivée de la fièvre porcine africaine en France, le préjudice financier serait élevé pour les élevages concernés
La détection du virus de la fièvre porcine africaine (FPA) sur le territoire français aurait de lourdes conséquences économiques pour les élevages atteints et les autres élevages situés à proximité.
La détection du virus de la fièvre porcine africaine (FPA) sur le territoire français aurait de lourdes conséquences économiques pour les élevages atteints et les autres élevages situés à proximité.

Une estimation économique réalisée par l’Ifip démontre que le préjudice financier lié à l’apparition d’un cas de Fièvre porcine africaine serait très lourd pour les producteurs concernés.
Dans les élevages touchés par la maladie, le cheptel sera abattu. Et pour les élevages indemnes situés à proximité, des restrictions de mouvement d’animaux seront appliquées. Cette estimation porte sur le cas d’étude d’un plan d’intervention sanitaire d’urgence (Pisu), mené en 2020 par la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) du Finistère et l’organisation sanitaire porc Bretagne : apparition d’un foyer de FPA dans un élevage naisseur-engraisseur de 460 truies présentes.
Lire aussi : « Beaucoup d’efforts restent à faire sur l’observance des mesures de biosécurité en élevage de porcs »

Un préjudice de 2 000 euros par truie présente pour l’élevage foyer
Après publication de l’arrêté préfectoral, l’élevage atteint subit un abattage de son cheptel suivi d’un nettoyage-désinfection complet et d’un vide sanitaire imposé. Cette période d’au moins 35 jours peut atteindre trois mois si les opérations de nettoyage-désinfection sont jugées insuffisantes pour reprendre l’activité plus tôt. Après la levée de l’interdiction, l’arrivée des premiers animaux marque le début de la période de reconstitution des stocks, qui s’étend sur 52 semaines pour un naisseur-engraisseur, jusqu’à la première vente de porcs charcutiers, signifiant le retour à la situation normale. Sur ces deux périodes, l’éleveur subit la perte de sa marge sur coût alimentaire, renouvellement et dépenses de santé habituelle. En retenant les performances techniques et les prix des trois dernières années, elle se situe autour de 600 000 euros. S’y ajoutent le coût du repeuplement et les charges opérationnelles associées à la reconstitution des stocks, évalués ici à 415 000 euros. Le préjudice total atteint le million d’euros, soit un peu plus de 2 000 euros par truie présente pour l’élevage qui a servi de support au Pisu. Reste encore à ajouter le coût des frais de nettoyage-désinfection, pouvant atteindre jusqu’à 300 000 euros selon le scénario retenu.

Près de trois millions de préjudice pour les élevages soumis à restriction de mouvements
Dans les zones de surveillance définies autour de l’élevage foyer, les élevages peuvent être soumis à des restrictions de mouvements. En retenant une période de 35 jours, le préjudice estimé pour un élevage NE moyen de 250 truies présentes s’élève à 100 euros par truie. Ce montant couvre le coût de l’euthanasie d’une bande de porcelets au sevrage, nécessaire pour maintenir les autres animaux présents dans de bonnes conditions d’élevage, et l’alourdissement de deux bandes de porcs charcutiers, générant une dégradation de la marge liée à leurs moins bonnes performances de classement et d’efficacité alimentaire. Pour un naisseur-vente au sevrage, le préjudice est estimé à 110 euros par truie présente, et à 3,60 euros par porc entré pour un postsevreur-engraisseur. En appliquant ces estimations aux 146 sites d’élevage recensés sur la zone de restriction de l’exercice Pisu, le préjudice total est évalué à 2 770 000 euros. Cela reste un maximum puisque certains éleveurs pourront bénéficier de dérogations s’ils sont conformes aux règles de biosécurité.
De nombreux facteurs sont à considérer
Selon les modalités d’apparition de la FPA sur notre territoire, les impacts économiques pourront être différents. De nombreux facteurs de variation restent à considérer, comme la nature du foyer (domestique ou faune sauvage) ou sa localisation géographique, desquelles vont dépendre les zones et les durées de restriction. Par ailleurs, l’actualisation des calculs réalisés, en considérant l’évolution moyenne des prix et des marges dans le contexte économique plus récent, révèle des préjudices encore supérieurs pour l’élevage foyer et pour l’élevage moyen soumis à restrictions, de respectivement +20 et +60 %. La conjoncture et son évolution en lien avec l’impact de la FPA sur les prix vont impacter les éleveurs à proximité, mais également l’ensemble des éleveurs de la filière.
Alexia Aubry, alexia.aubry@ifip.asso.fr
Le saviez-vous ?
Les élevages subissant un abattage sanitaire sur ordre de l’administration sont actuellement indemnisés par la direction générale de l’alimentation (DGAL) à hauteur de 75 % du préjudice subi, conformément à la méthode décrite dans une note de service publiée le 9 juin 2004. Mais l’indemnisation des élevages soumis à restriction de mouvements n’est pas assurée par l’administration.