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"J'ai investi dans un nouveau bâtiment de porc en engraissement pour une meilleure rentabilité"

La Scea Le Mignon se dote d’un nouvel engraissement de 2 556 places. Moderne et innovant, l’installation doit permettre de meilleurs résultats technico-économiques, et une amélioration de la marge nette d’au moins quatre euros par porc.

La Scea Le Mignon a ouvert ses portes aux visiteurs, le 22 novembre à Saint-Hilaire-la-Palud dans les Deux Sèvres, deux semaines avant de recevoir la première bande de porcelets dans son tout nouveau bâtiment d’engraissement de 2 556 places réparties dans onze salles. 

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Lycéens et éleveurs ont pu découvrir le projet de Fabien Sabourin, installé depuis dix ans. Ce bâtiment remplace un engraissement de 1 000 places obsolète et des engraissements à façon. 

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Il complète sur ce site deux bâtiments d’une capacité de 2 000 places et 900 places situées sur le site de naissage familial de 600 truies. « Cet engraissement neuf était devenu nécessaire pour conforter mon activité dans les années à venir », estime le jeune éleveur. « Il va aussi me permettre de réduire mon prix de revient. »

Des choix stratégiques d’investissement

Le coût total de l’investissement, incluant les équipements techniques, s’élève à 1,8 million d’euros (720 euros la place), générant des annuités de 145 000 euros sur quinze ans pour 7 500 porcs produits, soit 19,30 euros par porc et par an. « En parallèle, le gain technico-économique global est estimé à 175 000 euros annuels, soit 23,30 euros par porc produit », calcule Jean-Paul L’Hostis, responsable de la zone à la Cooperl. « Au final, la marge après remboursement des annuités est donc améliorée de quatre euros par porc produit dans ce bâtiment. » Ces gains sont possibles grâce à plusieurs choix stratégiques : le recours au façonnage, utile quand l’éleveur avait moins de place, n’est désormais plus nécessaire avec le nouveau bâtiment. « L’arrêt des prestations extérieures pour 3 000 porcs permet une économie de 45 000 euros », chiffre le responsable. Par ailleurs, la surface utile par porc (0,81 m²) a été calculée pour produire des porcs lourds : « La durée de présence pourra être allongée de dix jours afin d’alourdir les carcasses de 6 kg. On vise des porcs charcutiers de 128 kg vif, et des femelles pour la filière jambon de Bayonne à 95-105 kg de carcasse froide et avec un G3 supérieur à 13 mm », décrit Jean-Paul L’Hostis. Grâce à l’implantation de ce site dans le périmètre de production de cette filière qualité, l’éleveur peut prétendre à une plus-value de deux euros par femelle.

Sept menus différents en engraissement

L’élevage, entièrement hors sol, se fournit entièrement à l’extérieur en alimentation sèche. Pour maîtriser son coût, Fabien Sabourin a choisi une alimentation multiphase à sec (Optimat, d’Asserva), qui lui permettra de distribuer sept menus différents à partir de trois aliments (nourrain, croissance et finition) livrés par le fabricant des Deux Sèvres Alicoop. « Le programme multiphase à sept menus que nous proposons aux éleveurs permet de baisser le prix moyen de l’aliment d’engraissement de 1,70 euro par porc par rapport à un biphase Corpen », affirme Samuel Bernard, chef produit porcs Alicoop. L’objectif est également de baisser l’indice de consommation en engraissement de 2,65 à 2,45, « soit un gain net de 48 000 euros par an ». Par ailleurs, l’éleveur envisage l’achat d’un Optiscan, une caméra portable connectée à une tablette qui permet d’évaluer à distance le poids des porcs. « Avec un aliment mieux adapté et un meilleur tri des porcs charcutiers, le pourcentage de porcs dans la gamme devrait passer de 75 à 90 %, soit une plus-value de 2,40 euros par porc. »

 

 
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Graphique = Plan d'alimentation en engraissement SCEA Le MignonTrois aliments pour sept menus © Source : Alicoop

Des gains portés par des choix de filière

Les engagements de la Cooperl sont un levier supplémentaire pour chercher de la plus-value sur les 13 300 porcs produits dans l’élevage de Fabien Sabourin : la certification porc sans antibiotique à zéro jour rapporte 3 euros par porc. La filière porc bien-être, initiée par la Cooperl depuis 2008 avec l’arrêt de la castration, valorise le maigre des porcs mâles entiers. La démarche RSE de la coopérative représente 3,30 euros par porc. Appelée Solutions 2030, ce programme vise la neutralité carbone en 2040 et l’amélioration du bien-être des animaux et des éleveurs. Pour répondre à ses recommandations, Régis Rézeau, le technicien bâtiment de la Cooperl, s’est inspiré des dernières innovations techniques : un système de « cooling » pour rafraichir l’air entrant en période estivale, un laveur d’air qui capte jusqu’à 85 % des odeurs et de l’ammoniac, un puits de lumière central pour le bien-être au travail… Un automate de lavage (ProCleaner X100) réduit le risque d’accidents. L’alimentation et la ventilation connectées peuvent être commandées à distance, augmentant encore le confort de travail des salariés. Un tracker solaire fournit 30 % de l’électricité consommé annuellement. Enfin, les porcs sont abattus à proximité, sur le site de la Cooperl à Saint-Maixent-L’École (Deux-Sèvres).

Repères

Les choix stratégiques permettant d’améliorer la marge de l’élevage :

Arrêt du façonnage
Production de porcs lourds (Jambon de Bayonne)
Alimentation multiphase
Meilleure évaluation du poids des porcs à l’abattage
Démarches qualité Cooperl (PSA 0 jour, Porc Bien-être, RSE)

Fiche élevage

Scea Le Mignon à Saint-Hilaire-la-Palud, Deux Sèvres

Fabien Sabourin et 2 UTH (Cédric Juin et Eddy Michaud)
4 590 places d’engraissement

Scea L’Aubergère

Fabien Sabourin et 3 UTH (Maxim Sabourin, Alexandre Charles, Alexandre Lochon)
600 truies
1 250 places en nurserie et post-sevrage
920 places d’engraissement
Démarches de qualité : PSA 0 jour, PBE, IGP Jambon de Bayonne, RSE Cooperl

Les investissements

625 € la place, pour 2 556 places : 1 600 000 €
Cheminées et laveur d’air : 50 000 €
Fosse à lisier : 150 000 €
Total : 1 800 000 €
Financements : PCAE (30 000 €) et prêts bancaires

Alicoop développe le multiphase en engraissement

Selon Samuel Bernard, chef produit porc Alicoop, 80 % des porcs charcutiers nourris par la coopérative bénéficient de programmes d’alimentations séquencés en au moins cinq phases. « Les investissements dans les systèmes d’alimentation de précision sont déterminants pour nos élevages porcins compte tenu de la part importante que représente la charge alimentaire dans le coût de production », souligne-t-il. Il rappelle les forces de ce type d’alimentation : « des performances technico-économiques optimisées à la case (IC, GMQ, qualité des carcasses), la maîtrise du coût alimentaire et un impact environnemental réduit (moins d’azote, de phosphore et d’ammoniac rejetés) ». Dans le nouvel engraissement de Fabien Sabourin, l’alimentation des porcs charcutiers est réalisée à partir de sept menus différents qui s’échelonnent de 22 à 130 kg. Ils sont élaborés à partir de trois aliments (nourrain, croissance et finition). « La part de chaque aliment évolue dans chaque menu pour, au final, apporter aux animaux une ration adaptée en quantité et en valeurs nutritionnelles », conclut le nutritionniste.

Rédaction Réussir

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