La santé respiratoire des porcs charcutiers s’améliore
Une étude réalisée par Ceva sur des poumons en abattoir issus d’élevages du Grand Ouest de la France indique une nette baisse des lésions de pneumonie depuis vingt ans.
Une étude réalisée par Ceva sur des poumons en abattoir issus d’élevages du Grand Ouest de la France indique une nette baisse des lésions de pneumonie depuis vingt ans.

Depuis 2014, Ceva santé animale propose en partenariat avec des structures vétérinaires (1) un service pour structurer et synthétiser l’activité de contrôle pulmonaire à l’abattoir, le Ceva Lung Program (CLP). Concrètement, une notation des lésions de pneumonie est établie à partir de poumons examinés sur chaîne en abattoir.
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« Sur la période 2021-2023, 782 365 poumons de porcs charcutiers issus de 2 560 élevages ont été contrôlés », indique Philippe Leneveu, vétérinaire responsable technique de la gamme porc chez Ceva santé animale. La note moyenne de pneumonie par élevage était de 1,25 sur 24, élevages de production et de schémas génétiques confondus. Un chiffre jugé « excellent » par le vétérinaire. « La majorité des élevages avait une note moyenne inférieure à 1/24, et 67 % des poumons étaient indemnes de lésions », souligne-t-il. « Seulement 6 % des poumons étaient sévèrement atteints (note supérieure ou égale à 7/24). »

En comparaison, le même programme réalisé sur la période 2018-2021 révélait une note moyenne par élevage de 1,67, soit 0,4 point de plus. Philippe Leneveu cite aussi une étude similaire réalisée en 2005, qui indiquait une note moyenne de 3,7. « Ce bilan est en phase avec les observations en élevage qui indiquent une amélioration nette de la santé respiratoire des animaux, grâce à un ensemble d’actions de prévention qui ont accompagné la réduction d’usage des antibiotiques », souligne-t-il. Les conditions d’élevage et la qualité des bâtiments s’améliorent. Le statut sanitaire des schémas génétiques progresse, et le nombre d’élevages de sélection et de multiplication indemnes de Mycoplasma hyopneumoniae augmente. « Par ailleurs, 95 % des porcelets sont désormais vaccinés contre cette bactérie », fait remarquer le vétérinaire.

Moins de lésions respiratoires sur les porcs en été
En entrant dans les détails, l’étude met en évidence une saisonnalité de la fréquence des lésions. « Numériquement, il y a eu moins de lésions de pneumonie sur les contrôles d’été que sur ceux des trois autres saisons », constate Philippe Leneveu. La note varie de 1,26/24 l’été à 1,48 l’automne. De même, il y a significativement plus de poumons sains l’été que le reste de l’année. « Cet effet est observé de façon répétée au sein des mêmes élevages, ce qui est une première », affirme le vétérinaire. Il souligne cependant que les écarts restent limités, ce qui pose la question de la réelle importance biologique de cet effet saison. « Le climat océanique de la région étudiée (le Grand Ouest) avec ses hivers doux et l’élevage des porcs en bâtiment limitent les effets sur la santé des animaux. Les conclusions de l’étude sur la saisonnalité pourraient être différentes dans des régions plus continentales. »

Des sous populations stables de porcs charcutiers
Une analyse approfondie des données du programme CLP depuis 2018 met en évidence une différence importante entre la population globale dont la note moyenne suit une courbe décroissante et des sous populations d’élevages contrôlés régulièrement sur des périodes d’au moins trois ans, dont les notes de pneumonie sont restées très stables dans le temps à des niveaux bas. La motivation des contrôles n’est pas consignée, aussi Philippe Leneveu exprime deux hypothèses pour expliquer cette différence. « Une partie des élevages contrôlés tous les ans doivent l’être pour répondre à un cahier des charges qualité de type « élevés sans antibiotiques » nécessitant une bonne maîtrise sanitaire », précise-t-il, l’autre partie des contrôles se faisant dans un cadre pouvant être plus ponctuel de suivi clinique.

« On peut donc imaginer que des élevages sous charte qualité, contrôlés tous les ans, obtiennent des notes de pneumonie stables et de bon niveau. » Le vétérinaire souligne aussi le caractère non aléatoire des contrôles. « La répartition des contrôles a changé entre 2018 et 2023, avec l’arrêt des notations dans deux abattoirs depuis la période du Covid. » Ce qui pourrait signifier qu’au-delà du bilan global positif affiché par l’étude Ceva, il existe probablement encore des écarts importants entre élevages.