« Notre naissage associatif est piloté selon le prix de revient du porcelet »
À la SCEA de la Lande, le coût de revient du porcelet est comparé à la moyenne des naissages associatifs de Porc Armor Évolution. Cette approche aide ses gérants à dégager les clés de rentabilité de l’élevage et à prioriser les actions d’amélioration.
À la SCEA de la Lande, le coût de revient du porcelet est comparé à la moyenne des naissages associatifs de Porc Armor Évolution. Cette approche aide ses gérants à dégager les clés de rentabilité de l’élevage et à prioriser les actions d’amélioration.





La SCEA de la Lande fait partie du groupe de comparaison sur le coût de revient du porcelet mis en place au sein de Porc Armor Évolution. Regroupant 22 naissages associatifs (NA), il représente une base de données de 500 000 porcelets par an avec quinze ans d’historique.
Lire aussi : Le naissage associatif, axe fort de Porc Armor Évolution
Ce coût, calculé tous les ans par la coopérative à partir des résultats de comptabilité et de GTTT de chaque élevage, permet un suivi régulier des performances économiques. Une fois par an, les gérants des naissages associatifs se réunissent pour échanger et comparer en détail les différentes composantes de leur prix de revient, les charges opérationnelles comme les charges de structure.
L’aliment représente 42,6 % du coût de revient du porcelet Répartition des charges par porcelet vendu | |
Poste de charge | en % |
Aliments des truies et porcelets | 42,6 |
Renouvellement du cheptel | 5,4 |
Frais d’insémination artificielle | 2,9 |
Dépenses de santé | 8,5 |
Autres charges opérationnelles | 3,3 |
Eau, électricité, énergie autre | 7,4 |
Entretien et réparations | 1,9 |
Main-d’œuvre totale | 14,8 |
Assurances | 0,8 |
Frais financiers court terme | 0,5 |
Annuités | 8,3 |
Autres charges de structures | 3,5 |
Source : Porc Armor Evolution, base de données de 504 531 porcelets de 7,17 kg en moyenne vendus en 2023 et issus de 22 naissages associatifs |
Lire aussi : "La maîtrise du coût de revient par porcelet est le fruit d'un travail en équipe"
« Ce comparatif nous permet de nous situer par rapport aux autres naissages associatifs et de dégager des clés de rentabilité », apprécient Yvonnick Brunet et Jean-Marc Giret, cogérants de la SCEA de la Lande. « Cela nous challenge entre éleveurs mais aussi au sein de l’équipe de salariés. Le bilan synthétique des performances techniques et économiques leur est transmis sous forme d’un tableau en code couleur permettant de visualiser rapidement les points forts et faibles de l’élevage. » En s’appuyant sur ce document (voir ci-contre), les objectifs d’amélioration technique et les moyens à mettre en œuvre sont définis lors de réunions bisannuelles sur le site d’élevage avec l’ensemble des salariés et des associés ainsi que l’encadrement technique et sanitaire.

Une taille optimale du naissage
Aujourd’hui détenu exclusivement par six éleveurs associés, le naissage associatif de la Lande de 950 truies a été créé en 2008, à Saint-Michel-de-la-Roë en Mayenne, tout près du site d’élevage de Jean-Marc Giret. « J’ai tout de suite adhéré au projet pour des raisons économiques (économies d’échelle avec le naissage) et de manque de main-d’œuvre. » L’optimisation du prix de revient a été raisonnée dès la conception. « Nous avons opté pour un site entièrement neuf, fonctionnel et rationalisé, plus facile à budgétiser que dans le cas d’une reprise de bâtiments existants. »
Position sur une échelle de 1 à 8 de la SCEA de la Lande par rapport aux naissages associatifs PAO Les points forts et faibles sont synthétisés par poste de charges | ||
Score de performances par rapport à la moyenne des naissages associatifs | 1 | |
Critères GTTT | ||
Sevrés par truie productive | ||
Nés totaux par portée | ||
Sevrés par portée | ||
Total des charges opérationnelles | ||
Aliments des truies et porcelets | ||
Renouvellement du cheptel | ||
Frais d’insémination artificielle | ||
Dépenses de santé | ||
Autres charges opérationnelles | ||
Total charges de structure | ||
Eau, électricité, énergie autre | ||
Entretien et réparations | ||
Main-d’œuvre totale | ||
Assurances | ||
Frais financiers court terme | ||
Annuités | ||
Autres charges de structures | ||
Prix de revient du porcelet | ||
Prix de revient à 6 kg | ||
Points forts : ++++ ; +++ ; ++ ; + Points faibles : --- ; -- ; - Source : Porc Armor Evolution |
Cette réalisation à neuf a pu se réaliser grâce au père de Jean-Marc qui a cédé une parcelle pour un projet collectif. Il a été dimensionné pour fonctionner avec quatre salariés. Une taille qui permet une rotation des week-ends de garde (un par mois) tout en optimisant les charges de main-d’œuvre avec une UTH pour 250 truies, cochettes comprises. « En naissage associatif, la part de la main-d’œuvre représente en moyenne 15 à 16 % du prix de revient du porcelet », précise Thierry Boulet, responsable des Études économiques de Porc Armor Évolution.

Une rentabilité liée au nombre de porcelets sevrés
Sur l’année 2023, la SCEA La Lande est arrivée en deuxième position du meilleur prix de revient du porcelet, soit quasiment deux euros de moins que la moyenne des naissages associatifs. Un résultat qui s’explique avant tout par une productivité élevée avec 33,64 porcelets sevrés par truie productive et par an, soit 0,27 de plus que la moyenne. « En naissage associatif, c’est le volume de porcelets sevrés qui fait la différence sur le prix de revient. C’est le principal 'diviseur' pour écraser les charges », poursuit Laurent Abiven, technicien du groupement. Pour un naissage type de 1 000 truies, un porcelet sevré en moins par truie et par an pénalise de deux euros le coût de revient par porcelet », illustre-t-il.
Par rapport à la moyenne des NA, la SCEA de la Lande est très bien positionnée sur les charges opérationnelles qui représentent 65 % du coût de revient. Elles sont de 3 euros par porcelet plus faibles. Cet écart est surtout lié aux postes de charges aliments et frais de santé moins élevés. Le site se trouve dans une zone à faible densité d’élevage (indemne SDRP) et a une très bonne maîtrise sanitaire (11 % de pertes sur nés vivants) . « Par ailleurs, nous achetons l’aliment complet par des achats à terme jusqu’à 6 à 12 mois. Cela permet d’avoir un prix de l’aliment plus compétitif et lisser les variations de prix », constate Yvonnick.

Aucun porcelet vendu sous le prix de revient
Les charges de structures sont quant à elles supérieures d’un euro par rapport à la moyenne des NA. L’élevage ressort moins bien sûr le coût de la main-d’œuvre (politique salariale, recours à l’intérim l’été) mais il se distingue par son faible coût énergétique grâce à l’autoconsommation d’électricité des trackers. « Le site sera amorti dans deux ans, ce qui allégera les charges fixes. Les investissements à venir seront essentiellement centrés sur l’amélioration du confort de travail. » Même s’ils pèsent relativement peu sur le coût de revient, les frais financiers sont moins élevés que la moyenne. « Notre stratégie est de tout payer comptant et d’utiliser le moins possible l’ouverture du crédit. Cela nécessite de répercuter rapidement une hausse du coût de production sur le prix de vente des porcelets. L’objectif est de ne vendre aucun porcelet en dessous du prix de revient. » Le planning de l’ensemble des naissages est mis en commun avec Porc Armor Évolution, qui se doit de valoriser au mieux les porcelets excédentaires, non destinés aux élevages des associés.
Un prix reconstitué naisseur-engraisseur
Pour aller plus loin dans l’approche économique, le groupement calcule également un coût de production naisseur-engraisseur reconstitué au kilo de carcasse à partir des résultats GTE de chaque élevage post-sevreur-engraisseur (PSE) associé. « On compare nos résultats entre élevages PSE recevant les mêmes qualités et coût du porcelet. Cela permet de dégager des critères techniques ou de performance économique non liés au naissage. » Selon Porc Armor Évolution, la marge d’amélioration du coût de production à chercher en PSE est aussi importante qu’entre naissages associatifs.
« Notre objectif est de ne vendre aucun porcelet en dessous de son prix de revient »
Fiche élevage
SCEA de la Lande
950 truies
Conduite en 20 bandes
Sevrage à 21 jours
4 UTH (4 salariés)
Groupement : Porc Armor Évolution
Aliment : Sanders
Génétique : Hypor
25 745 porcelets vendus à 6,86 kg (nurserie durant une dizaine de jours)